s?urs

s?ur n.f. [ lat. soror ] 1. Fille née du même père et de la même mère qu’une autre personne : Il vient d’avoir une petite s?ur.2. Femme appartenant à une congrégation religieuse ; titre qu’on lui donne : Les s?urs de la Charité. Ma s?ur.3. Chose de genre féminin qui ressemble beaucoup à une autre : La jalousie est la s?ur de la calomnie.4. Litt. Celle avec qui on partage le même sort : Elle était ma s?ur d’infortune.Âme s?urâme.Bonne s?ur, Fam. religieuse.Maxipoche 2014 © Larousse 2013S?UR (seur) s. f.1° Fille née du même père et de la même mère qu’une autre personne, ou née de l’un des deux seulement. Les habitants de ce pays-là lui demandant [à Isaac] qui était Rébecca, il leur répondit : c’est ma s?ur [SACI, Bible, Genèse, XXVI, 7] Jamais s?urs ne furent unies par des liens ni si doux ni si puissants [BOSSUET, Anne de Gonz.] La princesse Palatine s’ôta tout pour soulager une s?ur qui ne l’aimait pas [ID., ib.] Elle vous plaint, vous voit avec des yeux de s?ur [RAC., Iph. II, 1] Fig. Être s?ur, avoir en commun quelque chose. Nous nous voyons s?urs d’infortune [MOL., Psyché, I, 1] S?ur de père et de mère, ou s?ur germaine, celle qui est née de même père et de même mère qu’une autre personne. S?ur de père ou s?ur consanguine, celle qui n’est s?ur que du côté paternel. S?ur de mère ou s?ur utérine, celle qui n’est s?ur que du côté maternel. Les expressions s?ur germaine, s?ur consanguine et s?ur utérine ne s’emploient guère qu’en jurisprudence. Demi-s?ur, celle qui n’est s?ur que du côté paternel ou du côté maternel. S?ur naturelle ou s?ur bâtarde, celle qui est née de même père ou de même mère, mais hors du mariage. Belle-s?ur, voy. ce mot à son rang alphabétique. S?ur de lait, fille qui a eu la même nourrice qu’une autre personne. J’ai l’honneur d’être le fils du père nourricier de madame de…. (il me nomma la femme du ministre) ; ainsi elle est ma s?ur de lait, rien que cela [MARIV., Marianne, 6e part.] Se dit des animaux. Ma chienne est la s?ur de la vôtre. 2° Poétiquement. Les neuf S?urs, les Muses. Dieu ne fit la sagesse Pour les cerveaux qui hantent les noeuf S?urs [LA FONT., Clochette.] Quelle verve indiscrète Sans l’aveu des neuf S?urs vous a rendu poëte ? [BOILEAU, Sat. IX] Les s?urs filandières, les Parques (voy. FILANDIÈRE). 3° Nom qui fut longtemps donné aux chrétiennes par tous les membres de la chrétienté. S?ur en Jésus-Christ, se dit des femmes chrétiennes par rapport au Père qui est au ciel. 4° Titre que les rois de la chrétienté donnent aux reines en leur écrivant. 5° Il se dit, dans le langage élevé, de filles, de femmes qui vivent ensemble, sans être unies par les liens du sang. Que vous semble, mes s?urs, de l’état où nous sommes ? [RAC., Esth. II, 9] Nom que les religieuses qui ne sont point en charge ou qui n’ont point atteint un certain âge, prennent dans les actes publics, se donnent entre elles, et qu’on leur donne en leur parlant ou en parlant d’elles. La s?ur Thérèse. S?ur Marie de l’Incarnation. Vous m’étonnez de Pauline ; ah ! ma fille, gardez-la auprès de vous ; ne croyez point qu’un couvent puisse redresser une éducation ni sur le sujet de la religion que nos s?urs ne savent guère, ni sur les autres choses [SÉV., 510] S?ur colette ou collette, religieuse de l’ordre de Sainte-Claire. Fig. et familièrement. Faire la s?ur collette, faire la sucrée, avoir des manières, un langage affecté. Nous rîmes fort de ses manières passées ; nous les tournâmes en ridicule ; elle n’a point le style des s?urs colettes ; elle parle fort sincèrement et fort agréablement de son état [SÉV., 183] S?urs laies, et, plus ordinairement, s?urs converses, les religieuses qui ne sont pas du ch?ur, qui ne sont employées qu’aux ?uvres serviles du monastère. S?ur écoute, religieuse désignée pour accompagner une autre religieuse ou une pensionnaire qui va au parloir. 6° Nom donné à certaines filles qui vivent en communauté sans être religieuses. Je vois que votre mal de gorge est opiniâtre ; mais je vous avertis qu’il est rare qu’un médecin guérisse ses malades à cent lieues, et qu’une s?ur de la Charité fait plus de bien de près qu’Esculape de loin [VOLT., Lett. Damilaville, 18 mai 1765] Je ne vois plus ces s?urs dont les soins délicats Apaisaient la souffrance, ou charmaient le trépas [DELILLE, Pit. II] S?urs grises, nom qu’on a donné quelquefois aux s?urs hospitalières du tiers ordre de Saint-François. La s?ur grise court administrer l’indigent dans sa chaumière [CHATEAUBR., Génie, IV, III, 6] S?urs du pot, filles qui vivent en communauté et qui soignent les malades. Fig.Mme la duchesse d’Aiguillon, la s?ur du pot des philosophes [VOLT., Lett. Thiriot, 27 févr. 1755] 7° Fig. Il se dit de choses assez liées ensemble pour qu’on les assimile à des s?urs. Socrate…. n’aura pas voulu s’échapper de la prison contre l’autorité de ces lois [d’Athènes], de peur de tomber après cette vie entre les mains des lois éternelles, lorsqu’elles prendront la défense des lois civiles, leurs s?urs ; car c’est ainsi qu’il parlait [BOSSUET, 5e avert. 23] Oui, la sagesse aimable est s?ur de la santé, Elle seule connaît le secret qu’on ignore D’assurer l’immortalité [BERNIS, Épît. 12] 8° Fig. Il se dit de choses (du genre féminin) qui se répètent. Cette nuit eut des s?urs et même en très bon nombre [LA FONT., Petit chien.] Comme Charès, capitaine des Athéniens, après un grand avantage… écrivit au peuple d’Athènes qu’il avait remporté une victoire qu’on pouvait appeler la s?ur germaine de celle de Marathon [DACIER, Plutarque, Aratus.] Un démon qui m’inspire Veut qu’encore une utile et dernière satire Se vienne en nombre pair joindre à ses onze s?urs [BOILEAU, Sat. XI] 9° Le bouillon des deux s?urs, un lavement [SAUMAIZE, Dict. des Préc. t. II, p. 51] Dans le Berry, tomber sur ses deux s?urs, tomber sur son séant. HISTORIQUEXIIe s. Se puis veïr ma gente sorur Alde…. [, Ch. de Rol. CXXVIII] XIIIe s. A l’entrée de quaresme…. se croisa li quens Bauduins de Flandre et de Haynaut, à Bruges, et la comtesse Marie sa feme, qui suer estoit au conte Thiebaut de Champaigne [VILLEH., VI] De là s’en ala-il vers le roi Phelipe d’Alemaigne qui sa serour avoit à fame [ID., XLII] [Simon a dit à sa femme :] Bele suer, où est Berte, pour sainte charité ? [, Berte, CXXV] Li baron li disent que Henris li quens de Champagne, qui moult estoit larges, avoit une fille biele et gente, qui avoit non Aelis, et estoit suer germaine l’arcevesque Guillaume-blance-main [, Chr. de Rains, p. 9] Tombiele et ses deux sereurs [, Bibl. des chart. 2e série, t. 3, p. 423] L’aventure des dameiseles qui esteient serur gemeles [MARIE, Frêne.] XIVe s. Se nous ou notre hoir marions l’une de nos seurs [DU CANGE, auxilium.] XVe s. De ce messire Edouard de Guerles ne demoura nuls enfans ; mais de serour germaine… avoit des enfans [FROISS., II, III, 92] XVIe s. Thibaut, qui ouyt ces mots, estimant qu’on parloit de sa femme, qui puet-estre aimoit l’amble comme estant de nos s?urs [femme galante] [, Moyen de parvenir, p. 127, dans LACURNE] ÉTYMOLOGIEBourg. soeu ; provenç. sor, seror ; espagn. sor ; portug. sor, sorore ; ital. sorore ; du lat. sororem ; comparez l’allem. Schwester ; angl. sister ; goth. swista ; sanscrit, svasri. Dans l’ancien français, suer (prononcez s?ur) est le nominatif, du lat. sóror, avec l’accent sur so ; seror est le régime, de sorórem avec l’accent sur ró ; contre l’habitude, c’est le nominatif, et non le régime, qui est resté dans la langue moderne. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877