pardon n.m. 1. Action de pardonner ; rémission d’une faute, d’une offense : Ils lui ont demandé pardon pour le vilain tour qu’ils lui ont joué. Accorder son pardon.2. Formule de politesse pour s’excuser ou pour faire répéter ce que l’on n’a pas entendu, compris : Pardon, je croyais que tu étais réveillé.Pardon ? Qu’avez-vous dit ? comment3. Pèlerinage religieux annuel et fête populaire, en Bretagne.4. Fam. Formule pour souligner la pensée, appuyer une contradiction : C’est beau, mais alors, pardon, c’est vraiment cher !Grand Pardon, autre nom du Yom Kippour.Maxipoche 2014 © Larousse 2013PARDON (par-don) s. m.1° Rémission d’une faute, d’une offense. Le pardon des injures. Le pardon des ennemis. Je vous demande mon pardon, le pardon de ma faute. Et nous verrons bientôt son c?ur inquiété Me demander pardon de tant d’impiété [CORN., Poly. III, 3] Mérite le pardon qu’il cherche à te donner [ID., Perthar, IV, 4] Et jamais de son c?ur je n’aurai de pardon, Pour n’avoir pas trouvé que son sonnet fût bon [MOL., Mis. V, 1] N’en parlons plus, madame ; Qui reçoit un pardon, souffre un soupçon infâme [TH. CORN., Cte d’Essex, II, 7] Sans espoir de pardon m’avez-vous condamnée ? [RAC., Andr. III, 6] On n’a pas tant d’esprit quand on demande pardon, que quand on offense [HAMILT., Gramm. 8] Claude, proclamé et tranquillement assis sur le trône, annonce le pardon des injures qu’on lui a faites, et pardonne [DIDEROT, Claude et Nér. I, 18] L’amour même est timide, et dans cet abandon La nature est sans voix sous des lois sans pardon [DELILLE, Pitié, III] Bien digne de pardon, si l’enfer pardonnait [ID., Géorg. liv. IV] Allez, vil délateur d’une cause trahie, Chercher votre pardon aux dépens de ma vie [P. LEBRUN, Mar. Stuart, II, 4] Je vous demande pardon, ou, par ellipse, pardon, et aussi mille pardons, formules de civilité dont on se sert pour faire des excuses. Pardon, charmant objet ; un valet a parlé, Et j’ai vu malgré moi notre hymen différé [MOL., Dép. am. III, 9] Monsieur, je vous demande mille pardons de tout ce que je prends la liberté de dire ; pourquoi lisez-vous mes lettres ? est-ce que je parle à vous ? [SÉV., 607] Cela ressemble assez à l’homme qui se bat en duel à la comédie, et qui demande pardon à tous les coups qu’il donne dans le corps de son ennemi [ID., 23 août 1678] Il se retira, me demandant pardon de la liberté grande [HAM., Gramm. I, 3] Fig.Je demande pardon à Aix, mais Marseille est bien joli [SÉV., 156] Je vous demande pardon, ou, simplement, pardon, se dit aussi pour signifier : je suis d’un autre avis que vous. Vous croyez qu’il est midi ; je vous demande pardon, il n’est qu’onze heures et demie. 2° Lettres de pardon, lettres que le prince accordait en petite chancellerie pour remettre la peine de certains délits moins grands que ceux qui exigent des lettres de grâce. 3° Le jour du pardon ou de la propitiation, jour que les Juifs célèbrent le 10 de leur mois tisri, qui correspond à notre mois de septembre ; ils s’abstiennent du travail, comme le jour du sabbat, jeûnent jusqu’au soir, et font profession ce jour-là de pardonner toutes les injures qu’ils ont reçues. 4° Au plur. Indulgence de l’Église. Il est allé gagner les pardons. Le grand pardon, le jubilé. Fig. et familièrement. Croire gagner les pardons, croire faire une action méritoire. En second lieu il trompe une cruelle, Et croit gagner les pardons en cela [LA FONT., Richard.] Fig. et familièrement. Aller chercher des pardons à Rome, aller chercher quelque chose bien loin. Il n’allait pas quérir pardons à Rome, Quand il pouvait en rencontrer plus près [LA FONT., Gageure.] 5° On appelait, et dans quelques provinces de France on appelle encore les pardons ou le pardon ce qui se nomme aujourd’hui l’angélus, c’est-à-dire les trois sons de cloche par lesquels on avertit du lever ou du coucher du soleil, et de l’heure du midi ; parce qu’il y a des indulgences ou des pardons accordés par le pape à ceux qui récitent alors la salutation angélique. Quoi ? le pardon sonnant te retrouve en ces lieux ? [BOILEAU, Lutr. II] 6° Certains pèlerinages. Le pardon de Sainte-Anne d’Auray. 7° Pardon d’armes, sorte de jeu, de tournoi, au moyen âge. Ces jeux s’appelaient, chez les Français, emprises, pardons d’armes [VOLT., M?urs, 99] 8° Grand pardon, le houx. HISTORIQUEXIIe s. La Maudelene feïs tu le pardon [, Ronc. p. 48] [je] N’eüsse pas souspiré en pardon [pure perte] [, Couci, VI] S’onc fins amans ot de mesfait pardon [, ib. X] Charle mande et commande que treü lui devon, Chascun quatre deniers sanz lais [remise] et sanz pardon [, Sax. XX] XIIIe s. Et por ce que cis pardons [indulgence de l’Église] fu si grans, s’esm urent moult li cuer des gens [VILLEH., I] Li chardenaus [le cardinal] qui de par l’apostole de Rome estoit, en sermona, et en fist pardon à tous ceux qui en la bataille morroient [ID., CLX.] Le roy meimes y vis-je porter la hote aus fossés pour avoir le pardon [JOINV., 269] XIVe s. Le dymenche devant le pardon de Saint-Romain de Rouen [DU CANGE, pardonantia.] XVe s. Les oubloyers qui s’entremettent de aler faire gauffres aux pardons des eglises [ID., ib.] Pour ce que incontinent le pardon commença à sonner environ deux heures après midy [ID., ib.] De tous costez se commencerent à declairer gens contre ledit duc…. et sembloit qu’il y eust très grant pardon à luy mal faire [COMM., V, 2] XVIe s. Ha ! Madamoiselle, que vostre parole est esloignée (pardon, si je le dis) de raison ! [YVER, p. 529] Pour neant demande pardon qui pardonner ne veut [LEROUX DE LINCY, Prov. t. II, p. 374] De grand peché grand pardon [COTGRAVE, ] Ainsi allasmes, commençant à Saint-Gervais ; et je gaigne les pardons au premier tronc seulement, car je me contente de peu en ces matieres [RAB., II, 17] ÉTYMOLOGIEVoy. PARDONNER ; bourg. padon ; prov. perdo ; cat. perdó ; esp. perd-on ; port. perdão ; ital. perdono. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877pardon PARDON. n. m. Action de tenir pour non avenue une faute, une offense. Accorder le pardon. Demander pardon. Je vous demande pardon de ma faute. Je vous accorde votre pardon. Le pardon des injures est commandé par l’Évangile. Digne, indigne de pardon. J’ai toujours de nouveaux pardons à vous demander. Vous m’avez déjà accordé bien des pardons. Je vous demande pardon, Formule de civilité dont on se sert dans le langage familier, lorsqu’on veut interrompre quelqu’un, ou qu’on est d’un avis différent du sien, ou qu’on lui cause quelque dérangement. Je vous demande pardon, si je vous interromps. Je vous demande pardon, si je suis d’un autre avis que vous. Je vous demande pardon de venir vous voir si matin. On dit quelquefois simplement et absolument : Je vous demande pardon, Je suis d’un autre avis que vous. On dit aussi simplement et par abréviation : Pardon. Mille pardons. Lettres de pardon, Lettres que le prince accordait en petite chancellerie, pour remettre la peine de certains délits moins graves que ceux pour lesquels les lettres de grâce étaient nécessaires. PARDONS, au pluriel, se dit des Indulgences que l’Église catholique accorde aux fidèles. Il est allé gagner les pardons. Il a rapporté de son pèlerinage beaucoup de pardons et peu de vertus. PARDON s’emploie aussi pour désigner un Pèlerinage en Bretagne. Le pardon de Sainte- Anne d’Auray. Le Grand Pardon se dit quelquefois des Grands jubilés. Il désigne encore une Importante cérémonie de la religion israélite. Pardon, Pax, Venia, Remissio, Gratia, Ignoscentia. Demander pardon, Sacrificare, Veniam petere, vel poscere. Demander pardon à son pere, Petere gratiam a patre. Bailler pardon, Veniam tribuere, vel dare. Meritant pardon, Ignoscibilis. De qui on impetre facilement pardon, Facilis impetrandae veniae. ¶ Pardons et remissions, Veniae principales. B. Les Pardons du Pape, Largitiones veniales, Donatiuum veniale, vel pontificium. B. PARDON, s. m. PARDONABLE, adj. PARDONER, v. act. [3e dout. au 2d.] Pardon est la rémission d’une faûte, d’une ofense. Pardonable, qui mérite d’être pardoné, d’être excusé. Pardoner, acorder le pardon. « Le pardon des Énemis, des injûres. Demander pardon (sans article.) Acorder le pardon. « Cette faûte est bien pardonable: cela n’est pas pardonable. « Dieu ne nous pardonera point nos ofenses, si nous ne pardonons à ceux qui nous ont ofensés. I. Demander pardon, régit la prép. à des noms et la prép. de devant les verbes. « Je demande pardon à votre Philosophie de vous faire voir tant de foiblesse. Sév. Voy. EXCûSE. = Pardon, s’emploie quelquefois par interjection et par ellipse, pour, je vous demande pardon. « Pardon, si je me prête aux questions frivoles de cette jeunesse! Jamais complaisance ne m’a tant coûté. Marm. II. Pardonable, ne se dit point des persones; et c’est un gasconisme que de dire, un tel est ou n’ est pardonable. = Joint au v. être impersonel, il régit de devant l’infinitif des verbes. « Les aûtres admirent votre~ sagesse dans un âge, où il est pardonable d’en~ manquer. TÉLÉM. III. Pardoner, régit l’acusatif des chôses, le datif des persones. Il y en a, qui intervertissent ces deux régimes apliquant le premier aux persones, le 2d aux chôses. « Il le pardona: dites, il lui pardona. « L’ouvrage, en général, est écrit avec une élégance, qui fait un peu pardoner à l’invraisemblance des faits et à la bizarrerie des incidens. Ann. Litt. « Peut-être que les agrémens de la diction vous feront pardoner aux absurdités de la Fable. L’Ab. Royou. Si ce régime s’établit, ce sera une nouveauté. Alors on n’emploiera le régime direct des chôses que quand il sera joint au régime relatif des persones, pardoner à l’Auteur l’invraisemblance, les absurdités. Jusqu’à présent avec un seul régime, on avait dit, pardoner les absurdités, l’invraisemblance, et non pas pardoner à l’invraisemblance, aux absurdités. Ce régime soit qu’il soit acompagné du régime direct des chôses, soit qu’il soit employé tout seul, ne doit afecter que les persones. « Nous ne pardonons pas à ceux, qui nous humilient. Thomas. Imite mon exemple et pardone à l’envie. Id. C. à. d. aux envieux. = Ce verbe, dit Vaugelas, se dit (activement et en régime direct) des chôses et jamais des persones. Car on dit bien, pardoner un crime, mais on ne dit pas pardoner un criminel. * On lit pourtant dans le Mercure. « Un coupable que l’on pardone, profite ordinairement de ce moment d’indulgence pour obtenir une nouvelle grâce. ? Tenons-nous en à Vaugelas: l’usage n’a point changé depuis sa remarque. = On ne doit donc pas dire, être pardoné, des persones. * Le fat, après avoir été puni par la femme est pardoné par les deux Époux. Journ. de Paris. On répond seulement dans le style familier à quelqu’ un, qui dit, pardonez-moi si je prends cette liberté: etc. « Vous êtes tout pardoné. PARDONER, régit aussi de et l’infinitif. « Si vous aviez perdu un royaume, je vous pardonerois à peine d’être dans l’état d’humiliation et d’abatement où vous êtes. « Il s’accusoit de l’aimer, mais il se pardonoit de la plaindre. MARM. = Pardonez-moi, ou, vous me pardonerez, se dit honêtement pour non. N’êtes vous pas souris?… Pardonez-moi, dit la Pauvrette, Ce n’est pas ma profession. La Font. Plusieurs disent, mal à propos pardonez-moi, pour dire oui. « Quand on aquiesce, il faut dire tout simplement oui: quand on contrarie, on dit, pardonez-moi. DESGR. = Dieu me pardone, est une espèce de jurement de tous le plus honête. « Je crois, Dieu me pardone, que c’est lui, qui se moque de nous. Marm.