où [ u] adv. interr. [ lat. ubi ] Interroge sur le lieu, la direction, le but : Où allez-vous ? Nous ne savons pas où il se trouve. Dis-moi où elle sera demain.D’où, de quel endroit : D’où appelle-t-elle ? Dites-moi d’où cela provient.D’où vient que, qu’est-ce qui explique que : D’où vient que cet ordinateur ne s’allume plus ?Par où, par quel endroit : Par où arriverez-vous ? adv. relat. Marque le lieu, le temps, la manière : Je cherche un endroit où me reposer pourD’où, marque une conséquence : D’où il ressort que… il ressort de ce qui précède que… c’est pourquoi tout le monde a riLà où, au lieu dans lequel : Elle travaille là où les employeurs la demandent.où que loc. relat. indéf. (Suivi du subj.) Introduit une proposition relative à nuance concessive : Où qu’elles aillent, elles retrouvent des connaissances en quelque lieu queMaxipoche 2014 © Larousse 2013OÙ (ou) adv.1° Où, pris absolument et sans nom exprimé, signifie le lieu. Avec interrogation, en quel lieu, en quel endroit ? Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? [RAC., Athal. III, 7] Je regrette jusqu’au fond du c?ur le président Hénault : je le rejoindrai bientôt ; mais où ? et comment ? on chantait à Rome sur le théâtre public devant quarante mille auditeurs : où va-t-on après la mort ? où l’on était avant de naître [VOLT., Lett. Mme du Deffant, 5 déc. 1770] Fig.Où Jésus avait-il pris chez les siens cette morale élevée et pure dont lui seul a donné les leçons et l’exemple ? [J. J. ROUSS., Émile, IV] Monseigneur, où sont je ne dis pas l’équité, la charité chrétienne, mais le bon sens et l’humanité ? [ID., Lett. à l’archev. de Par.] Il se construit avec l’infinitif, sous-entendu le verbe pouvoir. Où le trouver ? Où…. que ? dans quel endroit…. si ce n’est…. ? (locution elliptique où ailleurs est sous-entendu : où…. ailleurs que). On aspire naturellement à s’acquérir l’immortalité ; et où peut-on plus sûrement l’acquérir que dans une compagnie [l’Académie française] où toutes les belles connaissances se trouvent ramassées… ? [TH. CORN., Disc. de réception.] Où naissent les passions, que dans les palais des grands ? [MASS., Carême, Prosp.] Terme de marine. Où est le cap ? c’est-à-dire quelle est la direction de la quille ou du cap par rapport à la ligne nord-sud de la boussole ; quelle est la route ou l’aire de vent que suit le navire ? Sans interrogation. Dites-moi où il est. Un jour, sur ses longs pieds, allait je ne sais où Le héron au long bec emmanché d’un long cou [LA FONT., Fabl. VII, 4] Le plaisir d’aller sans savoir où [J. J. ROUSS., Conf. II] Fig.Le peu qui lui restait a passé sou par sou, En linge, en aliments, ici, là, Dieu sait où [LAMART., Joc. I] Il peut se construire avec l’infinitif après les verbes savoir, ignorer, etc. Que serait-ce si tous les monuments des anciens subsistaient ? les modernes ne sauraient pas où placer les leurs [FONTEN., Morts anc. II, 1] Où que, en quelque lieu que, avec le subjonctif. Où que tes bannières aillent, Quoi que tes armes assaillent, Il n’est…. [MALH., II, 2] Où que soit Rosidor, il le suivra de près [CORN., Clit. IV, 8] Où qu’il [le chrétien] soit, quoi qu’il fasse, il redoute, il chérit Cet être universel à qui rien ne périt [ID., Imit. I, chapitre dernier.] Où qu’il porte les yeux, il y porte la mort [BRÉBEUF, Pharsale, VI] Tourville eut ordre de combattre, fort ou faible, où que ce fût [SAINT-SIMON, 11, 36] Où qu’elle [la Choin, femme qui vivait avec Monseigneur, fils de Louis XIV] logeât, elle ne sortait jamais de son appartement que le matin [ID., 195, 31] J’ai donné ordre à mon coureur de vous chercher où que vous soyez [J. J. ROUSS., Hél. III, 23] 2° Fig.Où, toujours pris absolument et sans nom, passe au sens de à quoi, en quoi ? Ah ! pauvre malheureuse, hélas ! où pensais-tu Alors que tu faisais ce tort à la vertu ? [RACAN, Berg. IV, 5] Que vois-je ! quelle épée ! ah ! qui l’aurait pu croire ?… Mon fils, ah ! mon cher fils, où nous exposais-tu ? [QUINAULT, Thés. V, 4] Sans interrogation. Il [l’esprit] se ramène en soi, n’ayant plus où se prendre [CORN., Cinna, II, 1] Et, puisqu’il faut que je le die, Rien où l’on soit moins préparé [LA FONT., Fabl. VIII, 1] Orgon : Vous devez n’avoir soin que de me contenter. – Mariane : C’est où je mets aussi ma gloire la plus haute [MOL., Tart. II, 1] Mais pensez un peu plus où vous vous engagez [PASC., Prov. XI] Cette petite précipitation me coûte plus de deux cents pistoles ; je ne m’en soucie point du tout ; voilà où la Providence triomphe ; quand il n’y a point de ma faute ni de remède, je me console tout aussitôt [SÉV., 21 août 1677] Voilà où souvent l’on se trompe [ID., 30 juin 1680] Où, à quel point, à quel terme ? Ah ! destins ennemis, où me réduisez-vous ? [RAC., Bajaz. V, 11] Hé bien, mes enfants, où en sommes-nous ? tout cela se passera-t-il comme il faut ? [DANCOURT, Prix de l’arquebuse, sc. 3] Sans interrogation. Je ne sais qui me tient, infâme, Que je ne t’arrache les yeux, Et ne t’apprenne où va le courroux d’une femme [MOL., Amph. II, 3] Nous ne savions tous où nous en étions [SÉV., 5] Dans le temps où il est tombé malade, je sais qu’il travaillait sur les prophéties de Daniel, mais j’ignore où il en était [D’ALEMB., Lett. au roi de Pr. 16 août 1778] C’est où, c’est à quoi, c’est là que. Il est vrai qu’on peut s’informer, et que c’est où la franchise et la naïveté trouvent leur compte [SÉV., 21 juill. 1677] La mort nous égale tous ; c’est où nous attendons les gens heureux [ID., 13 nov. 1690] C’est où il n’y a point de remède [ID., 3 juill. 1680] 3° Où, avec un nom pour antécédent, remplace le pronom relatif lequel complément d’une préposition et la préposition elle-même qui le gouvernerait, quand il s’agit de temps ou de lieu. La maison où je demeure. Et l’herbe du rivage où ses larmes touchèrent, Perdit toutes ses fleurs [MALH., V, 21] La mort ne surprend point le sage ; Il est toujours prêt à partir, S’étant su lui-même avertir Du temps où l’on se doit résoudre à ce passage [LA FONT., Fabl. VIII, 1] Et le premier instant où les enfants des rois Ouvrent les yeux à la lumière [ID., ib.] Et la nature A mis dans chaque créature Quelque grain d’une masse où puisent les esprits : J’entends les esprits corps et pétris de matière [ID., ib. X, 15] Hélas ! qu’est devenu ce temps, cet heureux temps Où les rois s’honoraient du nom de fainéants ? [BOILEAU, Lutr. II] Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages [ID., Ép. I] L’instant où nous naissons est un pas vers la mort [VOLT., Fête de Bellebat.] 4° Par extension, il se dit en tous les cas possibles, en parlant des choses, pour auquel, dans lequel, duquel, chez lequel, dont, etc. N’est-ce pas ce grand soin où s’occupe sans cesse Notre sage princesse à nourrir ses enfants pour l’appui de tes lois ? [RACAN, Ode à la reine.] Aucun v?u ne m’échappe où j’ose consentir [CORN., Cid, V, 5] L’attente où j’ai vécu n’a point été trompée [ID., Ment. I, 1] L’objet où vont mes v?ux serait digne d’un dieu [ID., Théod. I, 2] L’hymen où je m’apprête est pour vous une gêne [ID., Sertor. IV, 2] Et c’est je ne sais quoi d’abaissement secret Où quiconque a du c?ur ne descend qu’à regret [ID., Ép. à Ariste.] Je n’invite point à cette lecture ceux qui ne cherchent dans la poésie que la pompe des vers ; ce n’est ici qu’une traduction fidèle où j’ai tâché de conserver le caractère et la simplicité de l’auteur [ID., Imit. préf. éd. de 1670] Chacun a son défaut où toujours il revient [LA FONT., Fabl. III, 7] Favorisez les jeux où mon esprit s’amuse [ID., ib. VII, Dédicace.] Nous avons eu querelle Sur l’hymen d’Hippolyte, où je le vois rebelle [MOL., l’Ét. I, 9] C’est elle [la contrainte]…. qui me fait passer sur des formalités où la bienséance du sexe oblige [ID., Éc. des mar. II, 8] Les noces où j’ai dit qu’il faut vous préparer [ID., Éc. des fem. III, 1] Eh ! sans sortir de la cour n’a-t-il pas [Molière] vingt caractères de gens où il n’a point touché ? [ID., Impromptu, 3] Laissons-là la médecine où vous ne croyez point [ID., D. Juan, I, 2] C’est une chose où je suis déterminé [ID., le Méd. malgré lui, III, 6] De vos regards divins l’ineffable douceur Força la résistance où s’obstinait mon c?ur [ID., Tart. III, 3] Et l’hymen d’Henriette est le bien où j’aspire [ID., Femm. sav. I, 4] C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaye d’opprimer la vérité [PASC., Prov. XI] Puisqu’il faut que le nom de simonie demeure, et qu’il ait un sujet où il soit attaché [ID., ib.] Cette vue intérieure ne lui fait plus trouver cette douceur accoutumée parmi les choses où elle s’abandonnait avec une pleine effusion de c?ur [ID., Sur la conv. du pécheur.] La chose du monde où il a le plus d’attention [SÉV., 31 janv. 1680] Je ne comprends pas qu’on puisse avoir un moment de repos en ce monde, si l’on ne regarde Dieu et sa volonté, et où par nécessité il se faut soumettre [ID., 6 janv. 1689] Vous vous êtes souvent moquée de moi, en me voyant émue de la beauté de certains sentiments où je ne prenais nul intérêt [ID., 11 sept. 1680] Ce changement [de nom] où le public s’oppose toujours [ID., 11 juin 1690] C’est une humiliation où je ne puis m’accoutumer [ID., 11 mars 1676] Raison où il n’y a pas un mot à répondre, raison qui ferme la bouche [ID., 14 oct. 1694] Les périls où il était exposé [ID., 1er janv. 1690] Ils [M. de Chaulnes et sa femme] savaient fort bien prendre sur eux-mêmes pour soutenir les grandes places où Dieu les a destinés [ID., 3 févr. 1695] Cette loi universelle [la mort] où nous sommes condamnés [ID., 30 nov. 1689] Il [M. de Grignan] est chargé d’une vie où tient absolument la mienne [ID., 8 juin 1677] Ce sera pour moi une loi et une décision où je me réduirai avec plaisir [ID., 17 juill. 1693] Il y a des choses où mon esprit ne prend pas [ID., 12 juill. 1690] Pour la communion…. je dis bien sincèrement : domine, non sum dignus, et, dans cette vérité où je suis abîmée, je fais comme les autres [ID., juill. 1690] La tristesse où tout le monde se trouve est une chose qu’on ne saurait imaginer au point qu’elle est [ID., 27 avr. 1672] Je suis trop émue de tout ce qui vient de vous, pour souffrir tranquillement les divers états où j’ai passé depuis quelque temps [ID., 18 avr. 1676] David fit une faute considérable où le jeta son bon naturel [BOSSUET, Polit. IX, III, 5] L’entrée aux pensions où je ne prétends pas [BOILEAU, Sat. IX] C’est là l’unique étude où je veux m’attacher [ID., Ép. V] Surtout je redoutais cette mélancolie Où j’ai vu si longtemps votre âme ensevelie [RAC., Andr. I, 1] Fais-lui valoir l’hymen où je me suis rangée [ID., ib. IV, 1] Ils n’ont pour avancer cette mort où je cours…. [ID., ib. II, 2] Heureux qui satisfait de son humble fortune, Libre du joug superbe où je suis attaché, Vit dans l’état obscur où les dieux l’ont caché ! [ID., Iphig. I, 1] Ils semblent être faits pour l’usage où elles les mettent [LABRUY., I] Pour prévenir les suites d’un engagement où il n’est pas propre [ID., II] il y a des maux effroyables où on n’ose penser [ID., XI] Faites qu’en ce moment je lui puisse annoncer Un bonheur où peut-être il n’ose plus penser : j’avoue que les poëtes n’oseraient dire auquel, et que ce pronom est ordinairement remplacé avec élégance par l’adverbe où ; mais pourtant il me semble qu’un bonheur où je pense ne se dit point ; vous le demanderez à l’usage [D’OLIVET, Rem. Rac. § 83] Votre amour où vos soins veulent m’intéresser [REGNARD, Démocr. III, 4] C’est un mal où mes amis ne peuvent porter remède [MONTESQ., Lett. pers. 6] Dès que j’aurai fini le petit-lait où je me suis mis, j’irai chez elle [VOLT., Lett. Thiriot, 26 sept. 1724] L’oubli profond où sont tombés ces traits méprisables, lancés contre un grand homme…. [D’ALEMB., Éloges, Boss.] Songe, ingrat ! songe aux maux où ta fuite me laisse ! [DEL., Én. IV] 5° Où se dit aussi des personnes, pour à qui, en qui, chez qui. ….Que vous cherchiez de ces sages coquettes Où peuvent tous venants débiter leurs fleurettes [CORN., Ment. I, 1] Et je n’en veux l’éclat que pour avoir la joie D’en couronner l’objet où le ciel me renvoie [MOL., D. Garc. V, 5] Le véritable Amphitryon Est l’Amphitryon où l’on dîne [ID., Amph. III, 5] Les esprits où il n’y a point de remède [SÉV., 42] Quand j’ai vu que ce commissaire où il nous renvoyait était ce cher ami que nous aimons et que nous estimons si parfaitement [ID., 13 juin 1684] Il [le fils de Bussy] était bien dans le nombre de mes jeunes garçons où je prends intérêt [ID., 12 juil. 1690] L’hôtesse où vous avez logé, qui vous aime tant…. [ID., 21 août 1677] Mes pauvres filles de Sainte-Marie, où je passe une partie de mes après-dînées [ID., 25 mai 1680] Les Égyptiens sont les premiers où l’on ait su les règles du gouvernement [BOSSUET, Hist. III, 3] Le premier de tous les peuples où on voie des bibliothèques est celui d’Égypte [ID., ib.] Ces âmes où domine l’ambition [ID., le Tellier.] Cette sage compagnie où sa réputation vit encore [ID., ib.] Il ne reste que moi Où l’on découvre encor les vestiges d’un roi [RAC., Alex. II, 2] 6° D’où, loc. adv. De quel lieu ? D’où venez-vous ? Fig.D’où tirez-vous cette conséquence ? D’où vous est-il connu, demanda Bélisaire attendri ? [MARMONTEL, Bélis. ch. 2] Il marque la cause. D’où vient que vous faites cela ? D’où lui vient, cher ami, cette impudente audace ? [RAC., Esth. II, 1] D’où vient qu’on n’y remarque plus cette magnificence qui éclatait partout avant mon départ ? [FÉN., Tél. XXII] L’usage permet de dire par ellipse : D’où vient faites-vous cela ? D’où, sans interrogation, de quel lieu. Ne regarde pas d’où tu viens ; vois où tu vas : cela seul importe à chacun [BEAUMARCH., Mar. de Figaro, III, 16] Il se dit aussi pour dont. Des secrets d’où dépend le destin des humains [RAC., Brit. V, 3] D’où signifie aussi du lieu où. Bélisaire en superbe appareil, De retour d’où le peuple adore le soleil [ROTR., Bélis. I, 4] Vous voyez, d’où vous êtes, tout ce qui se dit, et la joie qu’on témoigne [SÉV., 166] D’où signifie encore raison, cause pour laquelle. D’où il suit. D’où suit que…. D’où je conclus que…. Un ange contre qui il [Jacob] eut un combat plein de mystères, lui donna le nom d’Israël, d’où ses enfants sont appelés les Israélites [BOSSUET, Hist. I, 3] 7° Par où, loc. adv. Par quel lieu ? Par où irez-vous ? Avec l’infinitif. Par où passer pour sortir ? Sans interrogation. Voilà par où j’ai passé. Contre ceux qu’on pressait de vous faire périr, Je n’avais que les airs par où vous secourir [CORN., Tois. d’or, III, 7] Avec interrogation, comment, par quel moyen, par quelle raison ? Par où sera jamais ma douleur apaisée, Si je ne puis haïr la main qui l’a causée ? [CORN., Cid, III, 3] Par où prétendez-vous mériter une reine ? [ID., Sertor. II, 4] J’admire l’aigreur de M. le coadjuteur : par où méritez-vous ces duretés ? [SÉV., 27 déc. 1688] Ah ! madame, par où puis-je assez reconnaître… ? [TH. CORN., Ariane, IV, 2] Sans l’offre de ton c?ur, par où peux-tu me plaire ? [RAC., Bajaz. V, 4] Par où cette philosophie avait-elle pu déplaire au courtisan misanthrope ? c’est ce qu’il est difficile de deviner, et très peu important de savoir [D’ALEMB., Éloges, Huet.] Sans interrogation, par lequel, par laquelle, par lesquels, par lesquelles. Les olympiades par où les Grecs comptaient les années. Je viens tout à l’heure de recevoir des lettres par où j’apprends que mon oncle est mort [MOL., Méd. m. lui, III, 11] Voit-on dans les horreurs d’une telle pensée, Par où jamais se consoler Du coup dont on est menacée ? [ID., Amph. I, 3] Vous louez Revel par où je l’ai loué, ma chère fille, en disant que je l’avais trouvé vrai et loin de toute vanité [SÉV., 21 sept. 1689] Le pape a mis sur pied une ancienne bulle par où il ôte toutes les immunités…. [SÉV., 31 mai 1683] Nous ne savons plus par où excuser cette prudence présomptueuse qui se croyait…. [BOSSUET, Reine d’Anglet.] On a trouvé de lui après sa mort quantité d’écrits sur l’antiquité, sur l’histoire, sur la théologie même, si éloignée des sciences par où il est connu [FONT., Newton.] Je ne parle pas des voies illicites par où on les acquiert [les biens] [MASS., Prof. rel. 2] Dans tout discours il y a une idée par où l’on doit commencer, une par où l’on doit finir, et d’autres par où l’on doit passer ; la ligne est tracée ; tout ce qui s’en écarte est superflu [CONDIL., Art d’écr. III, 4] Par où signifie aussi par l’endroit où. Ah ! tu sais me frapper par où je suis sensible [CORN., Cinna, I, 2] Puis-je vous cacher tout à fait l’inquiétude que me donne votre santé ? c’est un endroit par où je n’avais pas encore été blessée [SÉV., 8 juin 1677] Il ne s’attendait pas que ses projets dussent être traversés par où ils le furent [FONTEN., Hartsoeker.] 8° Ici où, là où, dans l’endroit où. Ici où vous êtes. Je l’ai laissé là où vous l’avez rencontré. Là où pour au lieu que n’est pas du beau langage, quoiqu’on le die communément, et qu’Amyot s’en serve toujours ; mais M. Coëffeteau ne s’en sert jamais, ni après lui aucun de nos excellents écrivains [VAUGEL., t. I, p. 74, dans POUGENS] (Il vaut mieux suivre en ceci Amyot et l’usage que Coëffeteau et Vaugelas.) Où peut se mettre avant là. Où je crois vivre plus tranquille, Là je m’estime plus heureux [BERNIS, Quatre sais. Hiv.] Là peut se supprimer. Quelquefois l’un se brise où l’autre s’est sauvé ; Et par où l’un périt, un autre est conservé [CORN., Cinna, II, 1] Vous n’êtes pas, Sabine, encore où vous pensez [ID., Horace, III, 2] Mais que sert la colère où manque le pouvoir ? [ID., Sert. I, 2] Tu parles de supplice où je dois récompense [TH. CORN., Stil. Il, 5] Il n’y a plus d’avarice, où chacun apporte ses biens au pied des apôtres ; il n’y a plus de divisions ni de jalousie, où il n’y a qu’un c?ur et qu’une âme [BOSSUET, Méd. sur l’Év. 2e partie, 21e jour.] L’amour a peu de part où doit régner l’honneur [VOLT., Adél. du Guesclin. III, 3] Je compte sur vous en cette occasion ; et j’y compterais même quand vous m’aimeriez moins ; car je connais votre âme ; je sais qu’elle n’a pas besoin du zèle de l’amour où parle celui de l’humanité [J. J. ROUSS., Hél. I, 64] Je ne vous crains qu’où vous n’êtes pas [ID., ib. VI, 7] Son empire [de l’imagination] finit où celui de l’analyse commence [CONDIL., Conn. hum. II, 10] 9° Vers où, vers le lieu où. Le bien vers où vous alliez [Mlle DE SCUDÉRY, Cyrus, IXe partie, liv. II, p. 268] REMARQUEDans le XVIIe siècle, rien n’était plus fréquent que de faire de où un emploi pléonastique. C’est dans cette allée où devrait être Orphise [MOL., Fâch. I, 1] C’est ici où je veux vous faire sentir la nécessité de nos casuistes [PASC., Prov. VII] C’est là où vous verrez la dernière bénignité de la conduite de nos pères [ID., ib. IX] Ce fut là [la tente de Turenne mort] où M. de Lorges, M. de Roye et beaucoup d’autres pensèrent mourir de douleur [SÉV., 28 août 1675] C’est dans cette occasion où je pourrais dire…. [ID., juill. 1690] C’est ici où Dieu manifeste ses merveilles, et où il descend du ciel [MASS., Carême, Temples] Les grammairiens ont condamné ce pléonasme ; et aujourd’hui l’on prescrit de mettre dans tous ces exemples que à la place de où. HISTORIQUEXIe s. Hom qui plaide en curt, à qui curt que ço seit [à la cour de qui que ce soit], fors là où li cors le rei est…. [, Lois de Guil. 18] Là ù cist furent, des autres i ot bien [, Ch. de Rol. VIII] Charles escrie : ù estes-vous, bels niés [beau neveu] ! ù l’archevesque et li quens [le comte] Oliviers ? [, ib. CLXXIII] XIIe s. En une grant valée Où Sarazin atendent l’ajornée [, Ronc. p. 33] Où il le voit, sore lui est couru [, ib. p. 103] De pasmoison où ot tant esteü [, ib. p. 104] [Elle] Ot [eut] un anel où durement se fie [, ib. p. 162] Novele amor où j’ai mis mon penser [, Couci, II] Mieus ne puet-ele [l’amour] trahir Celui où ele se prent [, ib. IV] Benoit soit le hardemens Où j’ai pris si bon espoir ! [, ib. XI] Et du douz lieu où mes cuers [mon c?ur] tent et bée [, ib. XVII] Où que il voit le duc, si lui a pris à dire [, Sax. X] Si servez vo [votre] seigneur, où qu’il voist [aille] ne quel part [, ib. XI] À tuz ces chevals truverent furre e provende, ù ke fust li reis [, Rois, p. 240] XIIIe s. Li cent de fileit de cavene [chanvre], d’où que li filès soit…. [TAILLAR, Recueil, p. 21] Que le livre as histoires me montra, où je vi…. [, Berte, I] En Hongrie [elle] revint là où li rois l’atant [, ib. IX] Fors seulement Bertain, où tant [ils] ont d’amisté [, ib. LXVII] Fille, ce dist la vieille, savez où je m’avise ? [, ib. LXXVI] Adonc commença à aler Entor le fossé por savoir Se des meures porroit avoir ; Mes il ne voit mie par out Il en puisse avoir, si en grout [gronde] [, Ren. 24675] Cil qui le [la] coze li loua, le pot porsivir, où que le [la] coze soit alée [BEAUMANOIR, XXXI, 16] Où pensez-vous, frere Symon ? Je pens, fait-il, à un sermon, Le meilleur où je pensasse oncques [RUTEB., dans GÉNIN, Lexique de Mol.] XVe s. Respondirent qu’ils se tenoient bien pour absous et pour quittes de tout ce où obligés estoient [FROISS., I, I, 106] Son trespas où j’estoye present [COMM., Prol.] Que jamais j’aye congneu nul prince où il y eust moins de vice [ID., ib.] Arriverent les ambassadeurs du roy où estoit le conte d’Eu, le chancelier de France…. [ID., I, 1] Et s’en retourna à Paris là où il fist long sejour [ID., v, 7] XVIe s. Ces biens icy, où tous sont si taschans, Viennent sans reigle aux bons et aux meschans [ST-GEL., 216] Dieu, d’où les vrais biens procedent [ID., ib.] Pour au pays venir D’où [duquel] je n’ai sceu perdre le souvenir [MAROT, II, 186] D’où vient cela, belle, je vous supply, Que plus à moy ne vous recommandez ? [ID., II, 338] Maudit soit l’or où elle ha sa liesse ! [ID., II, 343] J’ay receu vostre lettre, par où j’ay sceu de vostre santé [MARG., Lett. 4] J’ay eu affaire à gens où il se treuve aussy peu d’honneur qu’il est possible [ID., ib. 47] Ceste usance, aux nations où elle est observée [MONT., I, 12] Pour avoir où se venger de la perte de son argent [ID., I, 22] Les inconvenients où il n’y a point de remede [ID., I, 48] Le pouvoir et le nom où il aspiroit [ID., I, 68] Où que vostre vie finisse, elle y est toute [ID., I, 88] C’est là où gist son vray honneur [ID., I, 242] Les mauvais moyens par où on se poulse aux charges [ID., I, 273] Où qu’il attende, d’où qu’il vienne…. [MONT., II, 25] Les maisons particulieres s’augmentent, où la concorde regne [LANOUE, 45] Et prirent la route de Lusignan, près d’où il y a un petit quartier de païs bon en perfection [ID., 648] Ces biens me sont tournez en griefves douleurs et calamitez, où je ne puis remedier [AMYOT, Solon, 59] Comme si c’eust esté le but principal où il eust pretendu [ID., Caton. 2] N’es-tu pas cause de ceste guerre et de tous ces maux et travaux où nous nous voyons maintenant ? [ID., Artax. 7] Non d’où tu es, mais d’où tu pais [COTGRAVE, ] ÉTYMOLOGIEWallon, wiss ; Berry, voù, évou ; prov. o ; anc. espagn. o ; anc. portug. ou ; ital. ove ; du lat. ubi. Ubi est pour cubi par chute de l’initiale, comme le prouvent ali-cubi, et l’ombrien pufe, osque puf, qui est ubi (on sait qu’en ombrien et en osque p égale c, q) ; c’est donc la racine du pronom relatif qui, cu-jus, un datif comme ti-bi ; ce datif bi, ombrien fe, est le sanscrit bhyam de tu-bhyam. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877ou OU. Conjonction alternative. J’irai aujourd’hui ou demain. Le bien ou le mal. Oui ou non. L’un ou l’autre. Mort ou vif. Vaincre ou mourir. Soit qu’il s’en aille, ou qu’il demeure. Lui ou elle viendra avec moi. Vous ou moi, nous ferons telle chose. La douceur ou la violence en viendra à bout. Ou l’amour ou la haine en est la cause. La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes. Il signifie aussi Autrement dit, en d’autres termes. L’éthique ou la morale. Son beau-frère ou le mari de sa soeur. Byzance ou Constantinople. Il se joint souvent, dans les deux sens, avec l’adverbe Bien. Il paiera, ou bien il sera poursuivi. Il s’emploie par analogie en parlant du Temps et signifie Dans lequel, auquel. Le temps où nous sommes. À l’heure où je vous parle. Il s’emploie aussi figurément et signifie Dans lequel, à quoi. Le but où il tend. Les affaires où je suis intéressé. Où que, En quelque lieu que, en quelque endroit que. Où que vous alliez, conformez- vous aux moeurs du pays. Où qu’il soit, puisse- t-il y être heureux! Il est aussi interrogatif et signifie En quel lieu, en quel endroit? Où allez-vous? Où demeurez-vous? Où suis-je? Où serez-vous tantôt? Où a-t-il pris cela? Figurément, Où me réduisez-vous? Où tend ce discours? Où cela vous mènera-t-il? Où en sommes-nous? Il se construit avec la préposition De et sert à marquer le Lieu d’où l’on vient et, figurément, l’Origine, la cause. Je vais vous dire d’où je viens. Voilà d’où cet usage tire son origine. Interrogativement, D’où venez-vous? D’où est-il parti? Savez-vous d’où il arrive? D’où a-t-il pris cela? D’où tirez-vous cette conséquence? D’où lui vient cet orgueil? D’où vient que vous faites cela? Il se construit aussi avec la préposition Par et signifie Par quel endroit ou Par quel moyen. C’est le chemin par où l’on doit passer. On ne sait par où en venir à bout. Interrogativement, Par où avez-vous passé? Où, est tantost adverbe local, et fait du Latin, Vbi, comme, Où est-il? c. en quel lieu, en quelle place ou endroit, Vbi est? En laquelle signification il a quelque fois force de relatif, au 3. liv. d’Amad. chap. 6. prindrent port où sejournoit le Roy Perion, c’est à dire, au lieu auquel sejournoit le Roy Perion, Ove Italien, et Dove, comme l’Espagnol de adonde, Et tantost est une interjection disjunctive, aut, vel, comme chantez, ou vous en allez, Cane aut facesse hinc, Et vient de êy diction Hebraïque qui signifie le mesme, l’Espagnol conforméement à l’Hebrieu dit aussi o, et quand l’Italien dit Overo, c’est ce que le François dit Ou bien, qui est un octroy de choix libre, Aut certe. Où tu estois, Vbi terrarum eras. Où sommes nous? Vbinam gentium sumus? Où sont les autres? Cedo alios? Où l’auroy-je ouy? Vbi ego audierim? Où vas-tu? Quo ambulas tu? Quo abis? Où t’en vas-tu d’ici? Quo hinc te agis? Où t’en vas-tu? C. Où iroy-je sinon en la maison? Quo tu te agis? C. quonam, nisi domum? Où tu voudras, Quouis. J’ay esté par toute la ville, à la porte, au lac: où n’ay-je point esté? Perreptaui vsque omne oppidum, ad portam, ad lacum: quo non? D’où, c’est De où, par apostrophe, de quel lieu, Vnde. D’où vient elle? Vnde haec gentium? Ou aussi, Aut vero, Aut etiam. Ou il y est, ou non, Vel adest, vel non. Ou par force, ou, etc. Vel vi, vel clam. Ou pour mieux dire, quand, etc. Quae si prodierit, atque adeo quum prodierit. Ou bien, Aut certe. Vrais ou faulx, Vera, anne falsa. Je te requier, ou s’il est raisonnable, je te prie, Postulo, siue aequum est te oro. Qu’il boive, ou qu’il s’en aille, Aut bibat, aut abeat. Quelle difference y a il, d’estre escorché de verges, ou d’estre tué d’un glaive? Quid refert vri virgis, ferroque necari? Ou jours, ou mois, An diebus, an mensibus. Fais tu cecy, ou non? Hoccine agis, an non? Asçavoir si la louange se diminue, ou si, etc. Vtrum laus minuatur, an salus deseratur. OU, conjonction: (vel) Où, adv. (ubi.) Le 1er est sans accent; l’autre doit porter sur l’u l’acc. grave. C’est par là qu’on les distingue. OU, est une conjonction alternative: ou l’un ou l’aûtre. = 1°. On peut le répéter devant chacun des mots conjoints, ou bien ne le mettre que devant le second: ou vous, ou lui, ou moi. « Vous, ou lui, ou moi. = 2°. Ou bien est de même nature que ou: mais on ne s’en sert guère que dans le discours familier, ou lorsque ou employé tout seul, pourrait être pris pour l’adverbe de lieu où. Hors delà, il faut éviter de s’ en servir. = 3°. Aprês ou, il faut répéter l’article, le pronom ou la préposition dont on s’est servi auparavant. P. Corneille dit: Réduit à te déplaire, ou soufrir un afront… D’achever de César, ou troubler la victoire. L’exactitude demande qu’on dise, ou à soufrir, ou de troubler. = 4°. Dans le soit redoublé, ou se met élégamment au lieu du second soit: soit que vous ayiez fait cela, ou que vous ne l’ayiez pas fait; au lieu de, soit que vous ne l’ayiez pas fait. = 5°. Ou n’est bon que dans le sens afirmatif; dans le négatif, il faut se servir de ni. Ce n’est pas que Chimène écoute leurs soupirs, Ou d’un regard propice anime leurs desirs. Il falait dire, à mon avis, dit Scuderi: ni que d’un regard propice elle anime leurs desirs. La critique est juste, non-seulement pour ou à la place de ni; mais pour que, qu’il falait répéter, et pour elle, qu’ il falait mettre au second membre. Voy. n°. 3°. = 6°. Suivant Vaugelas, quand ou ne se trouve que deux fois dans la phrâse, il faut mettre le verbe au singulier: ou la douceur ou la force le fera, et non pas le feront: mais quand il y est plus de deux fois, le verbe est mieux au pluriel, qu’au singulier: « ou la honte, ou l’ocasion ou l’exemple les détromperont, est mieux que les détrompera. = 7°. Il faut éviter soigneusement de joindre par la conjonction ou, deux membres de phrâse, dont l’un exige la négative, et l’aûtre ne l’exige pas. « Des pays qui ont été ou point, ou mal décrits. Voy. d’Ans. Il falait, qui n’ont point été décrits, ou qui l’ont été fort mal. « On y trouve peu ou point d’eau douce. Ibid. Dites: on n’y troûve point d’eau douce, ou du moins, on y en troûve fort peu.= * 8°. Plusieurs joignent ou et soit, dans le 2d membre; c’est un pléonasme. Au lieu de dire, par exemple: vous m’enverrez des sucres ou des cafés: ils disent, des sucres, ou soit des cafés; le soit est de trop. Vaugelas en avait fait autrefois la remarque pour, ou soit que: et Th. Corneille le trouvait aussi condamnable en vers qu’en prôse. = 9°. On dit quelquefois à pour ou; deux à trois, pour deux ou trois: ou vaut toujours mieux. ? 10°. Deux ou trois millions, deux ou trois cens mille livres, a quelque chôse de ridicule, à caûse de la trop grande disproportion des deux membres conjoints par ou. « Cet homme a deux ou trois millions de bien. Il y a trop de distance de l’un à l’autre, pour qu’il puisse y avoir de l’incertitude. « Le Sultan Osman, à la tête de deux ou trois cens mille hommes, ataqua les Polonois et les Cosaques. D’Avrig. Il faut dire alors: à la tête de deux, ou, comme disent d’autre Historiens, de trois cens mille hommes, ataqua, etc. Où~, adv. de lieu. « Où est-il? où va-t-il? etc. 1°. C’est le seul adv. de lieu qui aime à précéder le verbe. « Où alez-vous? Je ne sais où il est alé. = Ordinairement donc, il suit le verbe qui le régit, et précède le verbe qui le modifie. « Pourquoi chercher sa colère, où son amour éclate. En vers pourtant et dans le st. relevé, on peut changer cette construction. Où son amour éclate y chercher sa colère. L. Racine. Avec la construction ordinaire, y serait superflu. = 2°. Où se combine avec les prépositions de et par: d’où il est venu; par où il a pâssé: mais il ne s’associe pas si bien avec la prép. vers. « Il se rendit à un tel lieu, vers où l’armée s’ avança. Il faut dire: vers lequel. Vaugelas, Corneille, Ménage contre Chapelain, qui prétendait que, non-seulement ce n’est pas un barbarisme, mais que c’était même une élégance. = 3°. Où s’emploie quelquefois élégamment au lieu de, dans lequel, laquelle, lesquels: « Le mauvais état où vous m’avez laissé, pour dans lequel vous m’avez laissé. Alors il est employé relativement, et il marque tems, lieu, situation, état, disposition, dessein; et il sert tant pour les deux genres, que pour les deux nombres. « La peine où je suis; les embarras où je me troûve: c. à. d. dans laquelle, etc. Dans lesquels, etc. = 4°. On s’en sert aussi au lieu du datif auquel, à laquelle, pronom que les Poètes n’oseraient employer. Mais peut-on s’en servir dans toutes les ocasions, où, en prôse on employerait auquel? Peut-on dire, comme Racine dans Bérénice; Faites qu’en ce moment je lui puisse anoncer Un bonheur où peut-être il n’ôse plus penser. D’Olivet pense que non. Il lui semble qu’un bonheur où je pense, ne se dit point. Pourquoi ne se dit-il point? vous le demanderez à l’usage. D’OLIV. ? Le même Poète si correct, si exact, a dit dans Esther: Je romps le joug funeste où les Juifs sont soumis. Pour, auquel les Juifs sont soumis. En prôse ce serait une faûte: on peut ne pas la regarder comme telle en vers. = St. Évremont a dit aussi: « Son inocence négligea les formes où sont assujettis les innocens ordinaires. ? Il s’en sert âilleurs pour, auprès de qui: « Il (Mécénas) espérait de sa délicatesse avec un Empereur délicat, ce qu’il ne pouvait atendre du peuple romain, où il eut fallu se pousser par ses propres moyens. Il falait, dans le 1er exemple, auxquelles, et dans le 2d, auprès de qui. = Rollin lui done aussi ce dernier sens, et l’aplique de même aux persones: « Ils allèrent trouver Seleucus où ils se joignirent à Lysandra. Hist. Anc. l’Auteur avait dit plus haut que Lysandra se sauva à la cour de Seleucus. = 5°. Quelquefois où pour auquel, à laquelle ferait une équivoque: c’est alors une nouvelle raison d’employer celui-ci de préférence à celui-là. Ex. Un des Traducteurs de l’Imitation a dit: « Prenez une ferme résolution de porter cette croix où J. C. votre Divin Maître a bien voulu mourir pour l’amour de vous. Dans cette phrâse, où aprês porter fait une équivoque. Il semble qu’on veuille dire qu’il faut porter la croix dans l’endroit, où J. C. a bien voulu, etc. Dans ce câs, dites, sur laquelle, etc. = 6°. D’où est plus usité à la place de dont, duquel, de laquelle. « Henri IV. regardoit la bonne éducation de la jeunesse, comme une chôse d’où dépend la félicité des royaumes et des peuples. ? Il y a des ocasions, où ce seroit une faûte d’employer d’ où pour dont, et d’aûtres où l’on feroit mal de se servir de dont, au lieu de d’où. Ex. Quand maison signifie logis, on doit dire, la maison, d’où il est sorti: quand il signifie race, on dira, la maison, dont il est sorti. ? Suivant ce principe, il ma paroit, dit M. de Wailli qu’il y a une faûte dans cette phrâse d’un Historien moderne: « Les alliés de Rome, indignés et honteux tout-à-la fois de reconoître pour maitresse une ville, dont la liberté paroissoit bannie pour toujours, etc. Au lieu de dont j’aurais mis d’où. WAILLI. Le mot Ville désigne en éfet le lieu; et d’où est plus propre que dont, pour marquer le lieu. = 7°. * Quelques-uns mettent où et y dans la même phrâse, et les font raporter au même objet. C’est un pléonasme; une répétition vicieûse. « À~ Lacédémone il y avoit un Temple dédié à Morpho, où Vénus et le Déesse y étoit voilée. Voy. Litt. de la Grèce. ? Où signifiant dans lequel, aussi bien qu’y, l’un des deux est inutile. Où qu’il porte les yeux, il y porte la mort. Brebeuf. L’inversion de la construction rend ce pléonasme excusable dans ce vers. C’est le même tour que celui du vers de Racine le Fils. Voy. n°. 1°. = 8°. On ne doit pas trop éloigner où du nom, auquel il se raporte. « Elle (Ste Nymphe) étoit née à Palerme en Sicile, d’où elle fut obligée de se retirer sur la côte de Toscane, durant la persécution avec Maximilien, Évêque de Palerme, où l’on croit qu’elle mourut en paix. P. Griffet, Ann. Chrét. ? Suivant l’intention de l’Auteur, où se raporte à la côte de Toscane, dont il est trop éloigné. Suivant la construction, on croirait qu’il se raporte à Palerme, qui précède immédiatement. Il falait dire: « Elle étoit née à Palerme, d’où elle fut obligée, pendant la persécution, de se retirer, avec l’Évêque Maximilien, sur la côte de Toscane, où l’on croit qu’elle mourut en paix. = 9°. Où s’emploie aussi absolument, mais seulement par interrogation, ou avec des verbes et des façons de parler, qui désignent conaissance ou ignorance; et alors il signifie, en quel lieu. « Où va-t’il? « Il ne sait où il va. On dit, dans le même sens absolument ou relativement d’où et par où, qui signifient de quel lieu ou de quoi; par quel lieu, ou, par quel moyen. « D’où est-il venu, par où a-t’il pâssé? D’où ou par où a-t’il su? etc. = 10°. Dans les interrogations, on répète quelquefois où, sans répéter le verbe: « Où sont, diront-ils, les promesses de J. C.? Où la fermeté de son Église? Où la pureté tant vantée du christianisme? Boss. ? Mais dans ce tour oratoire, il faut exprimer, au moins une fois, le verbe. La Fontaine le suprime entièrement: Au quel cas, où l’honeur d’une telle aventûre? Il sous-entend est: où est l’honeur? Mais cela ne vaut rien, même dans une Fâble. = * 11°. Là où, pour, au lieu que, est une manière de parler entièrement vicieûse. VAUG. CORN. = * Où que, pour, quelque par que, n’est pas non plus une expression agréable, dit Ménage, et je la tiens provinciale. Vaugelas et Th. Corneille la désaprouvaient aussi. Cependant beaucoup de Poètes s’en étaient servis. Où que tes banières âillent. Malherbe. Où que tu sois, quoiqu’on y fasse, Tu mets en jeu les Bisaïeux. Maynard. Où qu’il porte les yeux, il y porte la mort. Brébeuf. L’Homme n’a point ici de cité permanente: Où qu’il soit, quoiqu’il tente Il est un malheureux passant. P. Corneille, Imitat. de J. C. Cette locution est entièrement hors d’usage. D’où vient que, se prend ordinairement dans la même signification que pourquoi, et que les aûtres conjonctions interrogatives; et, dans le discours familier, on le peut fort bien employer à leur place; mais toujours avec cette diférence que d’où vient que ne s’emploie jamais avec un verbe, que ce verbe ne soit précédé du pronom personel, qui en est le nominatif; au lieu que, avec pourquoi et les aûtres conjonctions interrogatives, ce pronom nominatif ne se met jamais qu’aprês le verbe: « Pourquoi se mêle-t’il? « D’où vient qu’il se mêle? ? * Quelques-uns disent, d’où vient se mêle-t’il? mais ils parlent mal.
où
ou
ou [ u] conj. coord. [ lat. aut ] 1. Parfois renforcé par bien, marque une alternative : Est-elle rousse ou brune ? En Belgique ou en Suisse. Vous pouvez venir seul ou à plusieurs. Voulez-vous y aller à pied ou bien en voiture ?2. Introduit une équivalence, une formulation différente : La marjolaine, ou origan, a de multiples utilisations. « Dom Juan ou le Festin de pierre » [Molière].Ou… ou, précède les termes d’une alternative : Vous pouvez ou envoyer un mél, ou téléphoner soit…, soitMaxipoche 2014 © Larousse 2013OU (ou) conj.1° Il marque l’alternative. Oui ou non. N’était-elle assez belle ou assez bien parée ? [RÉGNIER, Élég. IV] Je n’ouïs jamais parler d’une telle ou impatience ou irrésolution [BALZAC, liv. VII, lett. 27] Pour les mauvaises doctrines, je pensais déjà connaître assez ce qu’elles valaient pour n’être plus sujet à être trompé ni par les impostures d’un magicien, ni par les artifices ou la vanterie d’aucun de ceux qui font profession de savoir plus qu’ils ne savent [DESC., Méth. I, 13] Je vivrai sans reproche, ou périrai sans honte [CORN., Hor. II, 5] Je vous enseignerai par là Ce que c’est qu’une fausse ou véritable gloire [LA FONT., Fabl. IV, 3] Et ne vais point chercher, pour m’estimer heureux, Si Mascarille ou non s’arrache les cheveux [MOL., le Dép. I, 1] Voyez, est-ce, madame, ou ma faute, ou la vôtre ? Mon c?ur court-il au change, ou si vous l’y poussez ? Est-ce moi qui vous quitte, ou vous qui me chassez ? [ID., Femm. sav. IV, 2] Vous pouvez choisir, ou de me donner Marianne, ou de perdre votre cassette [ID., l’Av. V, 6] Le secrétaire d’État, ou rebuté d’un traitement qui ne répondait pas à son attente, ou déçu par la douceur apparente du repos qu’il crut trouver dans la solitude, ou flatté de l’espérance d’être plus avantageusement rappelé…. [BOSSUET, le Tellier.] Moi seul je leur résiste [aux Romains] : ou lassés, ou soumis, Ma funeste amitié pèse à tous mes amis [RAC., Mithr. III, 1] Est-ce une alternative inévitable, ou d’abuser des choses saintes, ou de s’en éloigner ? [MASS., Carême, Inconst.] Le ciel n’est ouvert ou qu’aux innocents ou qu’aux pénitents [ID., Carême, Élus.] Ou jeune, ou vieille, ou grande, ou petite, ou dondon, Ou maigre, ou blonde, ou brune, enfin tout vous est bon [DANCOURT, Trahison punie, I, 7] Bartholo : Je soutiens, moi, que c’est la conjonction copulative et, qui lie les membres corrélatifs de la phrase : je paierai la demoiselle, et je l’épouserai. – Figaro : Je soutiens, moi, que c’est la conjonction alternative ou, qui sépare lesdits membres : je paierai la donzelle, ou je l’épouserai [BEAUMARCH., Mar. de Fig. III, 15] 2° Ou, avec deux sujets et le verbe au pluriel (cas où la force conjonctive de ou l’emporte). Avant l’affaire, Le roi, l’âne ou moi, nous mourrons [LA FONT., Fabl. VI, 19] La crainte ou le déplaisir ne l’ont jamais empêchée [FLÉCH., Mme de Mont.] Le bonheur ou la témérité ont pu faire des héros ; mais la vertu seule peut former de grands hommes [MASS., Petit carême, Triomphe.] La peur ou le besoin font tous ses mouvements [de la souris] [BUFF., dans GIRAULT-DUVIVIER] Avec le verbe au singulier (cas où l’idée de disjonction domine). En quelque endroit écarté du monde que la corruption ou le hasard les jette [les parcelles de notre corps] [BOSSUET, Duch. d’Orléans.] Sa perte ou son salut dépend de sa réponse [RAC., Bajaz. I, 3] Seigneur, il vous est donc indifférent que nous périssions, et notre perte ou notre salut n’est plus une affaire qui vous intéresse [MASS., Pet. carême, Écueils.] L’un ou l’autre cas est digne des siècles les plus barbares [VOLT., Lett. Mme de Florian, 20 mai 1762] La vivacité ou la langueur des yeux fait un des principaux caractères de la physionomie [BUFF., dans GIRAULT-DUVIVIER] 3° L’adjectif se rapportant à deux ou plusieurs substantifs construits avec ou se met au pluriel. On demande un homme ou une femme âgés. Les Samoïèdes se nourrissent de chair ou de poisson crus. 4° Avec ou, précédé de lequel, on peut mettre devant les noms la préposition de, qui n’a pas son sens ou qui n’a pas de signification. Lequel des deux fut le plus intrépide, de César ou d’Alexandre ? Dans les champs phrygiens les effets feront foi Qui la chérit le plus ou d’Ulysse ou de moi [RAC., Iphig. I, 2] Voy. à la préposition DE la discussion de cette locution. La construction se passe très bien de la préposition de. Je ne sais dans son funeste sort, Qui m’afflige le plus, ou sa vie, ou sa mort [CORN., Rodog. V, 5] Qui est plus criminel, à votre avis, ou celui qui achète un argent dont il a besoin, ou bien celui qui vole un argent dont il n’a que faire ? [MOL., l’Av. II, 3] Lamoignon, nous irons, libres d’inquiétude, …Chercher quels sont les biens véritables ou faux, ….Quel chemin le plus droit à la gloire nous guide, Ou la vaste science, ou la vertu solide [BOILEAU, Épître VI] Qui des deux est plus fou, le prodigue ou l’avare ? [REGNARD, Épître I, à M. le marquis de….] Lequel vaut mieux, ou une ville superbe en marbre, en or et en argent, avec une campagne négligée et stérile ; ou une campagne cultivée et fertile, avec une ville médiocre et modeste dans ses m?urs [FÉN., Tél. XXII] Ils ne savaient lequel ils devaient admirer davantage, ou un roi de Suède qui, à l’âge de vingt-deux ans, donnait la couronne de Pologne, ou le prince qui la refusait [VOLT., Charles XII, 2] 5° Ou, employé dans des cas où l’on met ni d’ordinaire. Ce n’est pas que Chimène écoute leurs soupirs, Ou d’un regard propice anime leurs désirs [CORN., Cid, I, 1, scène changée.] Monsieur, j’ai grande honte et demande pardon D’être sans vous connaître ou savoir votre nom [MOL., Tart. V, 4] 6° Ou, autrement, en d’autres termes. La logique ou la dialectique. Naples ou Parthénope. 7° Il se joint quelquefois à l’adverbe bien. Il payera, ou bien il ira en prison. Non, ou vous me croirez, ou bien de ce malheur Ma mort m’épargnera la vue et la douleur [RAC., Brit. IV, 3] 8° Ou remplaçant un second soit. J’avais mes desseins, soit que vous eussiez un fils ou une fille [SÉV., à Mme de Guitaut, 2 déc. 1671] REMARQUE1. Les grammairiens disent sur l’accord avec ou : » Dans une proposition composée de deux sujets liés ensemble par la conjonction ou, et d’un seul verbe, ce verbe se met au singulier, s’il n’y a qu’un des sujets qui puisse avoir fait l’action ; exemple : C’est Cicéron ou Démosthène qui a dit cela. Le verbe est au singulier parce que l’attribut ne peut convenir qu’à l’un des deux sujets, à Cicéron ou à Démosthène. Si les deux sujets peuvent concourir à l’action, il faut employer encore le singulier, parce que la disjonctive ou indique séparément l’action de l’un ou de l’autre, et ne permet pas qu’on puisse concevoir l’action des deux sujets comme simultanée ; exemple : Ce sera son père ou sa mère qui obtiendra cela de lui. En effet ils n’obtiendront pas cela ensemble, ce sera l’un ou l’autre. Cependant, si les deux sujets sont supposés avoir opéré de la même manière, à part et dans des temps différents et indéterminés, le verbe prend alors le pluriel. Ainsi Massillon a dit : Le bonheur ou la témérité ont pu faire des héros, Petit car. Triomphe. » Ces décisions des grammairiens ne peuvent tenir contre la syntaxe et l’usage. La construction nécessaire : Lui ou moi ferons cela, où l’alternative est la plus nette et où, suivant leur décision, il faudrait : Lui ou moi je ferai cela, indique qu’en général c’est l’idée de conjonction qui domine ; de sorte que le pluriel est la construction la plus naturelle. Mais l’idée de disjonction peut aussi prévaloir dans l’esprit de celui qui parle ou écrit ; et alors on peut mettre le singulier : c’est donc le sentiment de l’écrivain et l’euphonie qui en décident. Vaugelas, à tort, voulait qu’on mît toujours le singulier. 2. Après ou, il faut répéter l’article, le pronom ou la préposition, dont on s’est servi auparavant. Corneille a dit : Réduit à te déplaire ou souffrir un affront, Cid, III, 4. Il fallait répéter la préposition et dire : ou à souffrir…. Pourtant il serait trop rigoureux d’assujettir absolument la poésie à cette règle. 3. Lorsque soit doit être redoublé, on met quelquefois ou au lieu du second soit : Soit que vous ayez fait cela, ou que vous ne l’ayez pas fait. 4. Ou ne doit être employé que dans le sens affirmatif. Dans le sens négatif on se sert de ni. Voyez cependant des exemples de Molière et de Corneille dans lesquels ou est pour ni. HISTORIQUEXe s. U ne fereiet [ou en ferait] [, Fragm. de Valenc. p. 468] XIe s. U diz u vint [, Ch. de Rol. III] XIIe s. Pris fust Marsile, ou il perdist la vie [, Ronc. p. 82] Et je sui si siens quites ligement, Que tout [elle] me puet ou engager ou vendre [, Couci, V] XIIIe s. Vers le lion [il] s’en va, ou soit sens ou folie [, Berte, II] XVIe s. De vray, ou la raison se mocque, ou elle ne doibt viser qu’à… [MONT., I, 69] Il attendoit du secours qui n’estoit encore prest, ou bien il avoit quelque autre projet [CARL., I, 5] Bleds et autres grains après la Saint-Jean, ou qu’ils [ou lorsqu’ils] sont noués, sont reputés meubles [LOYSEL, 214] Prés sont defensables depuis la mi-mars jusqu’à la Toussaint, ou que [à moins que] le foin soit du tout fanné et enlevé (car dès lors ils sont ouverts aux bestiaux) [ID., 245] ÉTYMOLOGIEBourg. vou ; wallon, au ; prov. esp. et ital. o ; du lat. aut, ou, qui est pour auti (forme osque), comme ut pour uti ; comparez le grec signifiant, ici. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877ou OU. Conjonction alternative. J’irai aujourd’hui ou demain. Le bien ou le mal. Oui ou non. L’un ou l’autre. Mort ou vif. Vaincre ou mourir. Soit qu’il s’en aille, ou qu’il demeure. Lui ou elle viendra avec moi. Vous ou moi, nous ferons telle chose. La douceur ou la violence en viendra à bout. Ou l’amour ou la haine en est la cause. La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes. Il signifie aussi Autrement dit, en d’autres termes. L’éthique ou la morale. Son beau-frère ou le mari de sa soeur. Byzance ou Constantinople. Il se joint souvent, dans les deux sens, avec l’adverbe Bien. Il paiera, ou bien il sera poursuivi. Il s’emploie par analogie en parlant du Temps et signifie Dans lequel, auquel. Le temps où nous sommes. À l’heure où je vous parle. Il s’emploie aussi figurément et signifie Dans lequel, à quoi. Le but où il tend. Les affaires où je suis intéressé. Où que, En quelque lieu que, en quelque endroit que. Où que vous alliez, conformez- vous aux moeurs du pays. Où qu’il soit, puisse- t-il y être heureux! Il est aussi interrogatif et signifie En quel lieu, en quel endroit? Où allez-vous? Où demeurez-vous? Où suis-je? Où serez-vous tantôt? Où a-t-il pris cela? Figurément, Où me réduisez-vous? Où tend ce discours? Où cela vous mènera-t-il? Où en sommes-nous? Il se construit avec la préposition De et sert à marquer le Lieu d’où l’on vient et, figurément, l’Origine, la cause. Je vais vous dire d’où je viens. Voilà d’où cet usage tire son origine. Interrogativement, D’où venez-vous? D’où est-il parti? Savez-vous d’où il arrive? D’où a-t-il pris cela? D’où tirez-vous cette conséquence? D’où lui vient cet orgueil? D’où vient que vous faites cela? Il se construit aussi avec la préposition Par et signifie Par quel endroit ou Par quel moyen. C’est le chemin par où l’on doit passer. On ne sait par où en venir à bout. Interrogativement, Par où avez-vous passé? Où, est tantost adverbe local, et fait du Latin, Vbi, comme, Où est-il? c. en quel lieu, en quelle place ou endroit, Vbi est? En laquelle signification il a quelque fois force de relatif, au 3. liv. d’Amad. chap. 6. prindrent port où sejournoit le Roy Perion, c’est à dire, au lieu auquel sejournoit le Roy Perion, Ove Italien, et Dove, comme l’Espagnol de adonde, Et tantost est une interjection disjunctive, aut, vel, comme chantez, ou vous en allez, Cane aut facesse hinc, Et vient de êy diction Hebraïque qui signifie le mesme, l’Espagnol conforméement à l’Hebrieu dit aussi o, et quand l’Italien dit Overo, c’est ce que le François dit Ou bien, qui est un octroy de choix libre, Aut certe. Où tu estois, Vbi terrarum eras. Où sommes nous? Vbinam gentium sumus? Où sont les autres? Cedo alios? Où l’auroy-je ouy? Vbi ego audierim? Où vas-tu? Quo ambulas tu? Quo abis? Où t’en vas-tu d’ici? Quo hinc te agis? Où t’en vas-tu? C. Où iroy-je sinon en la maison? Quo tu te agis? C. quonam, nisi domum? Où tu voudras, Quouis. J’ay esté par toute la ville, à la porte, au lac: où n’ay-je point esté? Perreptaui vsque omne oppidum, ad portam, ad lacum: quo non? D’où, c’est De où, par apostrophe, de quel lieu, Vnde. D’où vient elle? Vnde haec gentium? Ou aussi, Aut vero, Aut etiam. Ou il y est, ou non, Vel adest, vel non. Ou par force, ou, etc. Vel vi, vel clam. Ou pour mieux dire, quand, etc. Quae si prodierit, atque adeo quum prodierit. Ou bien, Aut certe. Vrais ou faulx, Vera, anne falsa. Je te requier, ou s’il est raisonnable, je te prie, Postulo, siue aequum est te oro. Qu’il boive, ou qu’il s’en aille, Aut bibat, aut abeat. Quelle difference y a il, d’estre escorché de verges, ou d’estre tué d’un glaive? Quid refert vri virgis, ferroque necari? Ou jours, ou mois, An diebus, an mensibus. Fais tu cecy, ou non? Hoccine agis, an non? Asçavoir si la louange se diminue, ou si, etc. Vtrum laus minuatur, an salus deseratur. OU, conjonction: (vel) Où, adv. (ubi.) Le 1er est sans accent; l’autre doit porter sur l’u l’acc. grave. C’est par là qu’on les distingue. OU, est une conjonction alternative: ou l’un ou l’aûtre. = 1°. On peut le répéter devant chacun des mots conjoints, ou bien ne le mettre que devant le second: ou vous, ou lui, ou moi. « Vous, ou lui, ou moi. = 2°. Ou bien est de même nature que ou: mais on ne s’en sert guère que dans le discours familier, ou lorsque ou employé tout seul, pourrait être pris pour l’adverbe de lieu où. Hors delà, il faut éviter de s’ en servir. = 3°. Aprês ou, il faut répéter l’article, le pronom ou la préposition dont on s’est servi auparavant. P. Corneille dit: Réduit à te déplaire, ou soufrir un afront… D’achever de César, ou troubler la victoire. L’exactitude demande qu’on dise, ou à soufrir, ou de troubler. = 4°. Dans le soit redoublé, ou se met élégamment au lieu du second soit: soit que vous ayiez fait cela, ou que vous ne l’ayiez pas fait; au lieu de, soit que vous ne l’ayiez pas fait. = 5°. Ou n’est bon que dans le sens afirmatif; dans le négatif, il faut se servir de ni. Ce n’est pas que Chimène écoute leurs soupirs, Ou d’un regard propice anime leurs desirs. Il falait dire, à mon avis, dit Scuderi: ni que d’un regard propice elle anime leurs desirs. La critique est juste, non-seulement pour ou à la place de ni; mais pour que, qu’il falait répéter, et pour elle, qu’ il falait mettre au second membre. Voy. n°. 3°. = 6°. Suivant Vaugelas, quand ou ne se trouve que deux fois dans la phrâse, il faut mettre le verbe au singulier: ou la douceur ou la force le fera, et non pas le feront: mais quand il y est plus de deux fois, le verbe est mieux au pluriel, qu’au singulier: « ou la honte, ou l’ocasion ou l’exemple les détromperont, est mieux que les détrompera. = 7°. Il faut éviter soigneusement de joindre par la conjonction ou, deux membres de phrâse, dont l’un exige la négative, et l’aûtre ne l’exige pas. « Des pays qui ont été ou point, ou mal décrits. Voy. d’Ans. Il falait, qui n’ont point été décrits, ou qui l’ont été fort mal. « On y trouve peu ou point d’eau douce. Ibid. Dites: on n’y troûve point d’eau douce, ou du moins, on y en troûve fort peu.= * 8°. Plusieurs joignent ou et soit, dans le 2d membre; c’est un pléonasme. Au lieu de dire, par exemple: vous m’enverrez des sucres ou des cafés: ils disent, des sucres, ou soit des cafés; le soit est de trop. Vaugelas en avait fait autrefois la remarque pour, ou soit que: et Th. Corneille le trouvait aussi condamnable en vers qu’en prôse. = 9°. On dit quelquefois à pour ou; deux à trois, pour deux ou trois: ou vaut toujours mieux. ? 10°. Deux ou trois millions, deux ou trois cens mille livres, a quelque chôse de ridicule, à caûse de la trop grande disproportion des deux membres conjoints par ou. « Cet homme a deux ou trois millions de bien. Il y a trop de distance de l’un à l’autre, pour qu’il puisse y avoir de l’incertitude. « Le Sultan Osman, à la tête de deux ou trois cens mille hommes, ataqua les Polonois et les Cosaques. D’Avrig. Il faut dire alors: à la tête de deux, ou, comme disent d’autre Historiens, de trois cens mille hommes, ataqua, etc. Où~, adv. de lieu. « Où est-il? où va-t-il? etc. 1°. C’est le seul adv. de lieu qui aime à précéder le verbe. « Où alez-vous? Je ne sais où il est alé. = Ordinairement donc, il suit le verbe qui le régit, et précède le verbe qui le modifie. « Pourquoi chercher sa colère, où son amour éclate. En vers pourtant et dans le st. relevé, on peut changer cette construction. Où son amour éclate y chercher sa colère. L. Racine. Avec la construction ordinaire, y serait superflu. = 2°. Où se combine avec les prépositions de et par: d’où il est venu; par où il a pâssé: mais il ne s’associe pas si bien avec la prép. vers. « Il se rendit à un tel lieu, vers où l’armée s’ avança. Il faut dire: vers lequel. Vaugelas, Corneille, Ménage contre Chapelain, qui prétendait que, non-seulement ce n’est pas un barbarisme, mais que c’était même une élégance. = 3°. Où s’emploie quelquefois élégamment au lieu de, dans lequel, laquelle, lesquels: « Le mauvais état où vous m’avez laissé, pour dans lequel vous m’avez laissé. Alors il est employé relativement, et il marque tems, lieu, situation, état, disposition, dessein; et il sert tant pour les deux genres, que pour les deux nombres. « La peine où je suis; les embarras où je me troûve: c. à. d. dans laquelle, etc. Dans lesquels, etc. = 4°. On s’en sert aussi au lieu du datif auquel, à laquelle, pronom que les Poètes n’oseraient employer. Mais peut-on s’en servir dans toutes les ocasions, où, en prôse on employerait auquel? Peut-on dire, comme Racine dans Bérénice; Faites qu’en ce moment je lui puisse anoncer Un bonheur où peut-être il n’ôse plus penser. D’Olivet pense que non. Il lui semble qu’un bonheur où je pense, ne se dit point. Pourquoi ne se dit-il point? vous le demanderez à l’usage. D’OLIV. ? Le même Poète si correct, si exact, a dit dans Esther: Je romps le joug funeste où les Juifs sont soumis. Pour, auquel les Juifs sont soumis. En prôse ce serait une faûte: on peut ne pas la regarder comme telle en vers. = St. Évremont a dit aussi: « Son inocence négligea les formes où sont assujettis les innocens ordinaires. ? Il s’en sert âilleurs pour, auprès de qui: « Il (Mécénas) espérait de sa délicatesse avec un Empereur délicat, ce qu’il ne pouvait atendre du peuple romain, où il eut fallu se pousser par ses propres moyens. Il falait, dans le 1er exemple, auxquelles, et dans le 2d, auprès de qui. = Rollin lui done aussi ce dernier sens, et l’aplique de même aux persones: « Ils allèrent trouver Seleucus où ils se joignirent à Lysandra. Hist. Anc. l’Auteur avait dit plus haut que Lysandra se sauva à la cour de Seleucus. = 5°. Quelquefois où pour auquel, à laquelle ferait une équivoque: c’est alors une nouvelle raison d’employer celui-ci de préférence à celui-là. Ex. Un des Traducteurs de l’Imitation a dit: « Prenez une ferme résolution de porter cette croix où J. C. votre Divin Maître a bien voulu mourir pour l’amour de vous. Dans cette phrâse, où aprês porter fait une équivoque. Il semble qu’on veuille dire qu’il faut porter la croix dans l’endroit, où J. C. a bien voulu, etc. Dans ce câs, dites, sur laquelle, etc. = 6°. D’où est plus usité à la place de dont, duquel, de laquelle. « Henri IV. regardoit la bonne éducation de la jeunesse, comme une chôse d’où dépend la félicité des royaumes et des peuples. ? Il y a des ocasions, où ce seroit une faûte d’employer d’ où pour dont, et d’aûtres où l’on feroit mal de se servir de dont, au lieu de d’où. Ex. Quand maison signifie logis, on doit dire, la maison, d’où il est sorti: quand il signifie race, on dira, la maison, dont il est sorti. ? Suivant ce principe, il ma paroit, dit M. de Wailli qu’il y a une faûte dans cette phrâse d’un Historien moderne: « Les alliés de Rome, indignés et honteux tout-à-la fois de reconoître pour maitresse une ville, dont la liberté paroissoit bannie pour toujours, etc. Au lieu de dont j’aurais mis d’où. WAILLI. Le mot Ville désigne en éfet le lieu; et d’où est plus propre que dont, pour marquer le lieu. = 7°. * Quelques-uns mettent où et y dans la même phrâse, et les font raporter au même objet. C’est un pléonasme; une répétition vicieûse. « À~ Lacédémone il y avoit un Temple dédié à Morpho, où Vénus et le Déesse y étoit voilée. Voy. Litt. de la Grèce. ? Où signifiant dans lequel, aussi bien qu’y, l’un des deux est inutile. Où qu’il porte les yeux, il y porte la mort. Brebeuf. L’inversion de la construction rend ce pléonasme excusable dans ce vers. C’est le même tour que celui du vers de Racine le Fils. Voy. n°. 1°. = 8°. On ne doit pas trop éloigner où du nom, auquel il se raporte. « Elle (Ste Nymphe) étoit née à Palerme en Sicile, d’où elle fut obligée de se retirer sur la côte de Toscane, durant la persécution avec Maximilien, Évêque de Palerme, où l’on croit qu’elle mourut en paix. P. Griffet, Ann. Chrét. ? Suivant l’intention de l’Auteur, où se raporte à la côte de Toscane, dont il est trop éloigné. Suivant la construction, on croirait qu’il se raporte à Palerme, qui précède immédiatement. Il falait dire: « Elle étoit née à Palerme, d’où elle fut obligée, pendant la persécution, de se retirer, avec l’Évêque Maximilien, sur la côte de Toscane, où l’on croit qu’elle mourut en paix. = 9°. Où s’emploie aussi absolument, mais seulement par interrogation, ou avec des verbes et des façons de parler, qui désignent conaissance ou ignorance; et alors il signifie, en quel lieu. « Où va-t’il? « Il ne sait où il va. On dit, dans le même sens absolument ou relativement d’où et par où, qui signifient de quel lieu ou de quoi; par quel lieu, ou, par quel moyen. « D’où est-il venu, par où a-t’il pâssé? D’où ou par où a-t’il su? etc. = 10°. Dans les interrogations, on répète quelquefois où, sans répéter le verbe: « Où sont, diront-ils, les promesses de J. C.? Où la fermeté de son Église? Où la pureté tant vantée du christianisme? Boss. ? Mais dans ce tour oratoire, il faut exprimer, au moins une fois, le verbe. La Fontaine le suprime entièrement: Au quel cas, où l’honeur d’une telle aventûre? Il sous-entend est: où est l’honeur? Mais cela ne vaut rien, même dans une Fâble. = * 11°. Là où, pour, au lieu que, est une manière de parler entièrement vicieûse. VAUG. CORN. = * Où que, pour, quelque par que, n’est pas non plus une expression agréable, dit Ménage, et je la tiens provinciale. Vaugelas et Th. Corneille la désaprouvaient aussi. Cependant beaucoup de Poètes s’en étaient servis. Où que tes banières âillent. Malherbe. Où que tu sois, quoiqu’on y fasse, Tu mets en jeu les Bisaïeux. Maynard. Où qu’il porte les yeux, il y porte la mort. Brébeuf. L’Homme n’a point ici de cité permanente: Où qu’il soit, quoiqu’il tente Il est un malheureux passant. P. Corneille, Imitat. de J. C. Cette locution est entièrement hors d’usage. D’où vient que, se prend ordinairement dans la même signification que pourquoi, et que les aûtres conjonctions interrogatives; et, dans le discours familier, on le peut fort bien employer à leur place; mais toujours avec cette diférence que d’où vient que ne s’emploie jamais avec un verbe, que ce verbe ne soit précédé du pronom personel, qui en est le nominatif; au lieu que, avec pourquoi et les aûtres conjonctions interrogatives, ce pronom nominatif ne se met jamais qu’aprês le verbe: « Pourquoi se mêle-t’il? « D’où vient qu’il se mêle? ? * Quelques-uns disent, d’où vient se mêle-t’il? mais ils parlent mal.