changer v.t. [ lat. cambiare, échanger ] 1. Remplacer qqn ou qqch par qqn ou qqch d’autre : Changer l’hôtesse d’accueil d’une entreprise conserver, garder2. Faire passer d’un état à un autre : Les fortes pluies ont changé le terrain en bourbier transformer3. Modifier qqn, qqch : Cette coiffure te change complètement métamorphoser altérer, contrefaire, déguiser4. Convertir une monnaie en une autre monnaie : Changer mille euros en dollars.Changer un bébé, lui mettre une couche propre. v.i. Passer d’un état à un autre : Depuis cet événement, son enfant est changé métamorphoser évoluer, se modifier v.t. ind. (de)Remplacer par qqn ou qqch d’autre : Changer de boucher. Changer d’appartement.Changer d’air, partir, s’éloigner d’un lieu provisoirement ou définitivement.Changer de visage, se troubler sous le coup d’une émotion et le montrer en pâlissant ou en rougissant : Elle changea de visage en apprenant leur arrestation.se changer v.pr. Changer de vêtements : Elle s’est changée pour aller courir.Maxipoche 2014 © Larousse 2013changerParticipe passé: changéGérondif: changeantIndicatif présentPassé simpleImparfaitFuturConditionnel présentSubjonctif imparfaitSubjonctif présentImpératifPlus-que-parfaitFutur antérieurPassé composéConditionnel passé Passé antérieurSubjonctif passéSubjonctif plus-que-parfaitIndicatif présentje changetu changesil/elle changenous changeonsvous changezils/elles changentPassé simpleje changeaitu changeasil/elle changeanous changeâmesvous changeâtesils/elles changèrentImparfaitje changeaistu changeaisil/elle changeaitnous changionsvous changiezils/elles changeaientFuturje changeraitu changerasil/elle changeranous changeronsvous changerezils/elles changerontConditionnel présentje changeraistu changeraisil/elle changeraitnous changerionsvous changeriezils/elles changeraientSubjonctif imparfaitje changeassetu changeassesil/elle changeâtnous changeassionsvous changeassiezils/elles changeassentSubjonctif présentje changetu changesil/elle changenous changionsvous changiezils/elles changentImpératifchange (tu)changeons (nous)changez (vous)Plus-que-parfaitj’avais changétu avais changéil/elle avait changénous avions changévous aviez changéils/elles avaient changéFutur antérieurj’aurai changétu auras changéil/elle aura changénous aurons changévous aurez changéils/elles auront changéPassé composéj’ai changétu as changéil/elle a changénous avons changévous avez changéils/elles ont changéConditionnel passéj’aurais changétu aurais changéil/elle aurait changénous aurions changévous auriez changéils/elles auraient changé Passé antérieurj’eus changétu eus changéil/elle eut changénous eûmes changévous eûtes changéils/elles eurent changéSubjonctif passéj’aie changétu aies changéil/elle ait changénous ayons changévous ayez changéils/elles aient changéSubjonctif plus-que-parfaitj’eusse changétu eusses changéil/elle eût changénous eussions changévous eussiez changéils/elles eussent changéCollins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011CHANGER (chan-jé ; le g prend un e après lui devant a ou o : nous changeons, je changeais) v. a.1° Céder une chose pour une autre, prendre en échange. Changer son habit pour celui d’un autre. Changer du vin contre de l’huile. Il y a des maladies qui viennent de ce qu’on change un bon air contre un mauvais [MONTESQ., Lett. pers. 131] Fig. Changer son cheval borgne contre un aveugle, changer une mauvaise chose pour une pire. 2° Donner un billet, une pièce, pour avoir de la monnaie. Je n’ai qu’un billet, que de l’or ; il faut que je le change pour vous payer. Changer une pièce de cinq francs en petites pièces, en sous. Absolument. Il faut que je change, j’ai besoin de petite monnaie. 3° Remplacer un objet par un autre, prendre un autre, quitter pour un autre ; placer ailleurs. Changer le certain pour l’incertain. Dans sa vieillesse il changea certaines choses à sa doctrine. Il changea sa résidence. L’os est changé de place. Il faut changer les aiguilles de main. 4° Modifier une personne, une chose, la rendre différente de ce qu’elle était. Changer ses habitudes. Il n’y a rien à changer à cette disposition. Cela change bien les affaires. Mais nous pouvons changer un destin si funeste [CORN., Cinna, I, 3] Puisqu’il change mon c?ur, il veut changer l’État [ID., ib. V, 3] Alexandre allait à Jérusalem, résolu de se venger ; mais il fut changé à la vue du souverain pontife qui vint au-devant de lui avec les sacrificateurs [BOSSUET, Hist. I, 59] Vois ces sphères de feu, ces globes de lumière, Rien n’interrompt leur course ou change leur carrière [BRÉBEUF, Phars. II] La résolution qu’avait prise M. le cardinal d’aller sur le Rhône a été changée sur ce qu’il vit avant-hier un bateau chargé de soldats qui courut très grand hasard de se perdre [VOIT., Lett. 127] Un moment a changé ce courage inflexible [RAC., Esth. II, 9] Mais croyez qu’en mourant mon c?ur n’est point changé [VOLT., Catil. V, 7] Il agit secrètement dans les c?urs par son Saint-Esprit, il les change, il les renouvelle [BOSSUET, la Vallière.] Un de ces esprits remuants et audacieux qui semblent être nés pour changer le monde [ID., Reine d’Anglet.] Tienne qui voudra pour sentence Que les honneurs changent les m?urs ; Je crois pour moi que les honneurs Mettent les m?urs en évidence [PONS, (de Verdun), Poésies.] 5° Convertir en. Circé changea en bêtes les compagnons d’Ulysse. Changer le reproche en éloge, la discussion en dispute. …. Et vous allez au temple Y changer l’allégresse en un deuil sans pareil [CORN., Rodog. V, 5] Une condition meilleure Change en des noces ces transports [LA FONT., Fabl. VI, 21] L’intempérance des hommes change en poisons mortels les aliments destinés à conserver leur vie [FÉN., Tél. XVII] Qui changera mes yeux en deux sources de larmes Pour pleurer ton malheur ? [RAC., Athal. III, 7] L’audace d’une femme arrêtant ce concours En des jours ténébreux a changé ces beaux jours [ID., ib. I, 1] L’adulation change en source de vices des penchants qui étaient en eux [les grands] des espérances de vertu [MASS., Petit carême, Tentations.] Changer à est dans cette phrase consacrée : Dans le sacrement de l’eucharistie le pain est changé au corps de Notre-Seigneur. Cette tournure se trouve aussi dans la poésie et dans la prose élevée. Et qu’il ait, sans espoir d’être mieux à la cour, à son long balandran changé son manteau court [RÉGNIER, Sat. XI] Cependant l’humble toit devient temple, et ses murs Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs [LA FONT., Phil. et Bau.] Peut-être avant la nuit, l’heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d’impératrice [RAC., Bér. I, 3] Et des rois les plus grands m’offrît-on le pouvoir, Je n’y changerais pas le bien de vous avoir [MOL., Mélic. II, 3] Je changerais mon sort au sort d’un braconnier [V. HUGO, M. Delorme, IV, 6] Bossuet, dans la même phrase, après avoir employé en, a employé à : Leur félicité [des anges] fut changée en la triste consolation de se faire des compagnons dans leur misère, et leurs bienheureux exercices au misérable emploi de tenter les hommes [BOSSUET, dans GIRAULT-DUVIVIER] 6° Changez ce malade, cet enfant, changez les draps, la chemise, les vêtements de ce malade, de cet enfant. 7° Terme de manége. Changer un cheval, tourner ou porter sa tête d’une main à l’autre. 8° Terme de marine. Changer la barre du gouvernail, la faire passer de tribord à bâbord, et réciproquement. 9° V. n. Avec la préposition de, au propre et au figuré, quitter une chose pour une autre. Changez d’habits avec moi. Il changea de ton, de résolution. Est-il donc vrai, madame ? et changeons-nous de sort ? [CORN., Héracl. V, 8] On peut changer d’amant, mais non changer d’époux [ID., Hor. I, 3] On change avec le temps d’âme, d’yeux et de c?ur [ID., Agés. V, 8] J’ai changé de couleur, je me suis écriée [ID., Nicom. I, 5] Plusieurs se sont trouvés qui, d’écharpe changeant, Aux dangers, ainsi qu’elle, ont souvent fait la figue [LA FONT., Fab. II, 5] Vous vous troublez, madame, et changez de visage [RAC., Brit. II, 3] Pyrrhus m’a reconnu, mais sans changer de face [ID., Andr. V, 3] Il changera de m?urs en changeant de fortune [VOLT., M. de César, I, 1] Fig. et familièrement. Changer de batterie, recourir à de nouveaux moyens. Fig. Changer de note, changer de façon d’agir ou de parler. Je te ferai changer de note, chien de philosophe enragé ! [MOL., Mar. f. sc. 8] Leur ennemi changea de note, Sur la robe du dieu fit tomber une crotte : Le dieu, la secouant, jeta les ?ufs à bas [LA FONT., Fab. II, 8] Absolument, faire un troc. Oh ! je ne saurais plus, dit-elle, y résister ; Changeons, ma s?ur l’aragne [LA FONT., Fabl. III, 8] Terme de manége. Changer de main, porter la tête du cheval d’une main à l’autre, pour le faire aller à droite ou à gauche. Terme de marine. Changer d’amures, les prendre à l’autre bord lorsqu’on louvoie. Changer devant, changer derrière, virer vent devant, en faisant tourner toutes les voiles d’un mât ensemble. 10° Elliptiquement, changer se dit pour changer de lieu. Point de coup de balai qui l’oblige [l’araignée] à changer [LA FONT., Fabl. III, 8] Changer de linge, d’habits. Je suis trempé, il faut que je change. Il n’a pas de quoi changer. Le roi changeait devant le très peu de gens distingués qu’il plaisait au premier gentilhomme de la chambre de laisser entrer [SAINT-SIMON, 417, 10] Changer, v. n. dans les sens des nos 9 et 10, se conjugue avec l’auxiliaire avoir. 11° Devenir autre, éprouver un changement. Combien les m?urs ont changé. Tout change. Voyez comme les choses ont changé. Le vent venant à changer. Mais il n’est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux [CORN., Cinna, II, 1] Nous ferons bien changer ce courage indompté [ID., Nicom. III, 1] L’Angleterre a tant changé, qu’elle ne sait plus elle-même à quoi s’en tenir [BOSSUET, Reine d’Anglet.] Elle avait appris par ses malheurs à ne changer pas dans un si grand changement de son état [ID., Reine d’Anglet.] À Raguse, le chef de la république change tous les mois [MONTESQ., Espr. II, 3] La fortune est changée [RAC., Baj. IV, 3] Mais les temps sont changés aussi bien que les lieux [ID., Iph. II, 2] Tandis que vous vivez, le sort qui toujours change Ne vous a pas promis un bonheur sans mélange [ID., ib. I, 1,] Fig. Changer du blanc au noir, devenir tout autre. On dit dans le même sens, changer du tout au tout. Le raisin change, il prend une autre couleur. Se corriger, et quelquefois se gâter, prendre une mauvaise conduite. Ce jeune homme a bien changé, c’est-à-dire sa conduite est devenue régulière, ou il est devenu bien mauvais sujet, si ce qui précède le représente comme ayant auparavant satisfait tout le monde. Prendre une autre apparence, en parlant des personnes. Comme ce jeune homme a grandi ; comme il est changé ! Il n’était point du tout changé [défiguré] [SÉV., 483] Vous n’êtes presque point changé [vieilli] depuis tant d’années [FÉN., Tél. IX] Être inconstant. Tâchez de ne pas changer. Je n’ai nullement changé. Cet homme aime à changer. Un amant jure de ne jamais changer. Et qui change une fois peut changer tous les jours [CORN., Tois. d’or, IV., 3] Leurs alliés qui avaient changé avec la fortune [VERTOT, Rév. rom. II, 199] Changer, v. n. dans les sens du n° 11, se conjugue avec l’auxiliaire avoir, quand il s’agit d’une action, d’un fait : La fortune a changé en cette journée ; Cet homme a beaucoup changé par sa dernière maladie. Il se conjugue avec l’auxiliaire être, quand il s’agit d’un état : La fortune est changée depuis cette journée ; Cet homme est bien changé depuis sa maladie. 12° Se changer, v. réfl. Être remplacé par, faire place à. Comme toute cette joie s’est promptement changée en deuil ! 13° Être converti en. Par le feu l’eau se change en vapeur. Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ? [RAC., Ath. III, 7] 14° Être modifié, devenir différent. Je ne puis me changer. Se changer en mal. Se changer en bien. Il faut se changer, se corriger. On croit se convertir quand on se change, et quelquefois on ne fait que changer de vice [BOSSUET, Pensées chrét. 7] 15° Changer de vêtements. Vous êtes bien mouillé, changez-vous. PROVERBEIl faut qu’on l’ait changé en nourrice, se dit d’un enfant qui ne ressemble en rien à ses parents, et aussi d’une personne qui est dépourvue d’intelligence. HISTORIQUEXIIe s. Au deuil qu’il ot, [il] a la color changée [, Roncisv. 91] Or quidout [cuidoit] qu’il fust tels cum il l’out ainz veü : Trestut esteit changiez ; Sainz Espris en lui fu [, Th. le mart. 39] XIIIe s. De la paeur qu’ele a, [elle] cuide le sens changier [, Berte, X] Bien [il] s’aperçoit coment Berte lui fut changie [, ib. X] Mais il n’a pas tant de difference ès pois comme il a ès mesures, car il ne se changent pas en tant de liex [BEAUMANOIR, XXVI, 16] XVIe s. La peur change des roseaux en gentsdarmes [MONT., I, 61] Changer d’advis [ID., I, 298] Changeray-je pas pour vous cette belle contexture des choses ? [ID., I, 85] L. Cossitius, de femme changé en homme [ID., I, 92] Changer de visage [ID., I, 115] Il ne change, pour hyver et temps qu’il face, le mesme bonnet qu’il porte au couvert [ID., I, 260] Le premier article, ce feut que chascun changeroit plustost la mort à la vie, que les loix persiennes aux leurs [ID., I, 297] Si la cour ne changeoit point, elle auroit changé, nous n’en avons jamais veu ni leu autre chose [D’AUB., Faen. I, 13] Ilz furent très contens de changer de place aux [avec les] Lacedaemoniens [AMYOT, Arist. 37] Ainsi donques estoient les Grecs occupez à changer en diligence l’ordonnance de leur bataille [ID., ib. 38] La fortune ne dure pas toujours une, ains va se changeant [ID., Flamin. 44] Il feit aussi changer de maniere de vivre aux Arabes [ID., Lucull. 38] Et leur ayans osté leurs bastons et leurs armes de soudards, furent bien aises de les changer à ceulx de gladiateurs [ID., Crassus, 14] ÉTYMOLOGIEBourguig. cheingeai ; picard, canger ; wallon, cangî ; anc. wallon, cambgier, chambger ; Berry et génev. sanger ; provenç. cambiar, camjar ; espagn. cambiar ; ital. cambiare ; bas-latin, cambiare, dérivé du latin cambire, formé du grec, courber, plier. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECHANGER. – ÉTYM. Ajoutez : M. d’Arbois de Jubainville (Revue celtique, t. II, p. 128) remarque qu’il pourrait être à propos de dire que, suivant le glossaire gaulois publié par Endlicher, cambiare est gaulois, et que cette assertion du glossateur inconnu paraît justifiée par le verbe breton armoricain kemma, qui équivaut à cambiam. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877changer CHANGER. v. tr. Céder une chose contre une autre. Il a changé ses tableaux contre des meubles. Absolument, Je ne veux pas changer avec lui. Prov. et fig., Changer son cheval borgne contre un aveugle. Voyez AVEUGLE. Il signifie particulièrement Convertir des pièces de monnaie en une somme égale de pièces ou de billets de valeur différente. Changer un billet de cinq cents francs. Il signifie aussi Remplacer une personne ou une chose par une autre ou Rendre une personne ou une chose différente de ce qu’elle était. Changer de domestiques. Changer son personnel. Ne nous changez pas notre vin. Il faudra changer cet ameublement. Il a changé son bien de nature. Changer sa manière de vivre. On a changé l’ordre. Il a changé toute sa maison. Cet événement allait changer la face des affaires. Rien ne peut changer les lois de la nature. Cela ne change rien à mes résolutions. Prov., Il faut qu’il ait été changé en nourrice, se dit d’un Enfant qui ne ressemble point à ses parents pour les traits, pour le caractère. CHANGER EN signifie Convertir une chose en une autre et se dit tant au propre qu’au figuré. Dans le sacrement de l’Eucharistie, le pain est changé au corps de Notre-Seigneur. Aux noces de Cana, JÉSUS-CHRIST changea l’eau en vin. La femme de Loth fut changée en une statue de sel. Daphné fut changée en laurier. Il se vantait de pouvoir changer toutes sortes de métaux en or. L’eau se change en glace par l’action du froid. Mes soupçons se changèrent en certitude. CHANGER DE signifie, tant au propre qu’au figuré, Quitter une chose pour une autre. Changer d’habit, de chemise, de linge. Changer d’appartement, de place, d’air, de pays. Changer de maître. Changer de nature. Changer d’état. Changer de forme. Vous avez changé de couleur. Cette étoffe change de couleur. À cette menace, il a changé de visage. Changer de vie, de conduite. Changer de religion. Changer de parti. Changer de résolution, d’avis. Changer de ton, de langage. Absolument, en parlant des vêtements ou du linge qu’on remplace par d’autres. Je suis rentré chez moi pour changer. On dit, par interversion de complément, Changer quelqu’un, Changer le linge qu’il a sur lui. Ce malade a assez transpiré, il est temps de le changer. Il faut changer cet enfant. En termes de Manège, Changer de main, Porter la tête du cheval d’une main à l’autre pour le faire aller à droite ou à gauche. Fig. et fam., Changer de batterie, ses batteries. Voyez BATTERIE. Fig. et fam., Changer de note, Changer de façon d’agir ou de parler. Il s’emploie souvent aussi intransitivement et signifie Devenir autre. Rien n’est stable en ce monde, tout change. Le temps va changer. Il dégèlera si le vent change. Son visage a bien changé. Fig., Vos sentiments ont bien changé, sont bien changés. Comme tout est changé! Changer en bien. Changer en mal. S’il est honnête homme, il a bien changé. Ce jeune homme est changé à son avantage. Changer du tout au tout, Changer entièrement. Cet homme est changé, bien changé, changé à ne pas le reconnaître, Il a le visage bien changé, soit par l’âge, soit par la maladie; ou, figurément, Il a changé entièrement de moeurs et de conduite. Dans le premier sens on dit aussi Il change à vue d’oeil. Il se dit encore de l’Inconstance dans les projets, les goûts, les affections. C’est un homme qui change aisément, on ne peut se fier à lui. Aimer à changer. Un amant jure de ne jamais changer. Changer, Commutare, Demutare, Immutare. Changer quelque chose avec aucun, Mutare aliquid cum aliquo. Changer et innover, Nouare, Innouare. Changer et muer, Emutare. Changer et tourner en autre nature ou couleur, Mutare. Changer les clefs, Imponere claues alias portis. Changer de lieu, Emigrare. Changer de lieu en autre, Permutare. Changer de logis, Demigrare, Transmigrare. Changer de place à un cheval quand il est attelé, comme qui mettroit celuy qui va devant en la place du limonnier, ou au contraire, Transiungere. La rate et le foye changent de place l’un à l’autre, Se mettent en la place l’un de l’autre, Lien cum iecore locum aliquando permutat. Changer de facon de faire, Seipsum retexere. Changer de facon de vivre, Demigrare de statu suo. Changer de nature, Inducere sibi ingenium nouum. Changer quelque fois d’opinion, Decedere de sententia. Faire changer d’opinion, Deiicere de sententia. Changer de vouloir ou de maniere de faire, Immutare se. Changer d’une forme en autre, Transfigurare. Changer en argent, ou en marchandise, Permutare pretio, vel merce. Changer l’un pour l’autre, Summutare. ¶ Qui change les enfans les uns pour les autres, Suppostor, Suppostrix. Se changer, Variare, Se inuertere, Desciscere a sese, B. ex Cicerone. Se changer par temps, Tempore commutari. Qui se change et tourne facilement, Mutabilis, Commutabilis, Versatilis. Ne changez point vostre loüable coustume, Ne decedite instituto vestro, B. ex Liuio. ¶ Variant et changeant, comme la peau d’une panthere, Pantherinum, Versicolor. Il a beaucoup changé et mué és communes manieres de faire, Multa in communi rerum vsu nouauit. Changé, Mutatus. Cestuy est du tout changé, Hic de suo more decessit, Cic. Homme qui est tout changé, Homo qui iam plane vel longissime de suis moribus decessit, B. Duquel l’adolescence et ignorance des premiers ans a esté convertie et changée en science d’art militaire, Cuius adolescentia ad scientiam rei militaris traducta est. Les choses estoient fort changées, Magna rerum facta erat commutatio. CHANGER, v. a. [Chanjé; 1re lon. 2e é fer.] Je change, je changeois, je changeai, tu changeas, il changea. etc. L’e devant l’o et l’a, est muet: il n’est là que pour doner au g un son doux qu’il n’a pas devant l’o et l’ a. ? Se défaire d’une chôse pour en prendre une à la place. Changer ses tableaux contre des meubles; changer sa vieille vaisselle pour de la neuve. Rem. 1°. Changer et échanger, ne signifient pas tout-à-fait la même chose. On dit, par exemple, changer un écu, changer une garnison; mais on dit, échanger des prisoniers, échanger des Places, c. à. d., les échanger pour d’aûtres prisoniers, pour d’aûtres Places. Rem. 2°. Plusieurs Auteurs ont doné, à changer, pour 2d régime, la prép. à (le datif.) « Je ne voudrois pas changer mon destin au leur. D’ Ablancourt. Quel Dieu peut renoncer au droit de tous les Dieux? Et qui peut, à la terre, avoir changé les Cieux? Brébeuf. Peut-être, avant la nuit, l’heureûse Bérénice, Change le nom de Reine au nom d’Impératrice. Racine. On aurait dû dire en prôse: Change le nom de Reine en celui d’Impératrice; mais cela n’acomodait pas les Poètes, ni même le Prosateur cité. ? L’Acad. met un exemple qui paraît les autoriser. « Dans le Sacrement de l’Eucharistie, le pain est changé au Corps de Notre-Seigneur: mais c’est une phrâse consacrée, et qui ne fait pas loi pour le langage commun. D’Oliv. ? Avec rien on met aussi la prép. à, mais c’est dans un aûtre sens, et sans conséquence pour d’ aûtres mots: « La vûe de la flote Portugaise ne changea rien à l’ardeur que la ville de Brava marquoit pour se défendre. Rem. 3°. * Corneille a dit, changer des persones, pour faire changer. Oui, l’honeur qu’il me rend ne fait que m’outrager; Je vous le dis encor: rien ne peut me changer. Pertharite. CHANGER est aussi neutre. Il se dit, et dans le propre, et dans le figuré, ou avec la prép. de: Changer d’habit, de chemise, de logis, de place; changer de résolution, d’avis, de sentiment, d’opinion; changer de vie, de langage, de couleur, de visage, etc.; ou absolument et sans régime: « Le vent change, le temps a changé; tout change dans ce monde. Rem. 1°. Changer ne s’emploie plus au réciproque. On ne dit plus, se changer; on dit, changer, neutre. « Toutes les fois que je me représente le visage de l’une ou de l’aûtre, il m’est avis que celui de ma fortune se change. Voit. On dirait aujourd’hui, que celui de ma fortune change. Ainsi, l’on dit de quelqu’un qui montre sur son visage le trouble ocasioné par quelque discours, par quelque évènement, qu’il change de visage, et non pas, que son visage se change. ? * Se changer, dit le Rich. Port., changer d’air et de manières, prendre un autre air. Au figuré, se convertir. Cela n’est pas de l’usage actuel: on dit, être changé, ou, changer. Rem. 2°. * En certaines Provinces, on dit, se changer, pour, changer de chemise, de linge. C’ est un barbarisme. « Je demandai une chemise pour me changer. Anon. Je ne sais de quelle Province est cet Auteur. ? « Il se démène, se met en nage, en répétant cette maudite casaque: on est obligé de le recoifer d’heure en heure, et même de le changer de chemise. Th. d’Éduc. C’est comme il faut dire, et non pas, le changer, tout seul. On dit figurément, dans le style familier, changer de note, c. à. d., de conduite, ou de langage; changer de baterie, prendre d’aûtres moyens. ? Changer son cheval borgne contre un aveugle; changer une chôse qui n’est pas bone contre une plus mauvaise.