acquérir v.t. [ lat. acquirere ] 1. Devenir propriétaire d’un bien, d’un droit, par achat, échange, succession : La maison de campagne qu’ils ont acquise acheter2. Arriver à avoir, obtenir grâce à un effort, à l’expérience, au temps : Il a acquis la célébrité avec son troisième roman conquérir, gagner ; perdre3. Faire avoir ; procurer : Son attitude courageuse lui a acquis notre gratitude valoirMaxipoche 2014 © Larousse 2013ACQUÉRIR (a-ké-rir ; ne prononcez pas a-krir, comme en quelques provinces. J’acquiers, tu acquiers, il acquiert, nous acquérons, vous acquérez, ils acquièrent. J’acquérais, etc. J’acquerrai, etc. J’acquis, etc. Acquiers, qu’il acquière, acquérons, acquérez, qu’ils acquièrent. Que j’acquière, que tu acquières, qu’il acquière, que nous acquérions, que vous acquériez, qu’ils acquièrent. Que j’acquisse, etc. J’acquerrais, etc. Acquérant, Acquis. La syllabe quie prend un accent grave, quand la syllabe qui suit est muette) v. a.1° Devenir propriétaire par achat ou échange. Acquérir des terres. Acquérir à prix d’argent. 2° En général, se procurer, venir à posséder. Acquérir un héritage. Acquérir de l’argent. Acquérir des richesses. La France a acquis par une expédition promptement terminée le territoire d’Alger. En moins d’un siècle l’Angleterre a acquis l’Inde. Ceux par le sang desquels ce territoire fut acquis. La passion d’acquérir du bien pour soutenir une vaine dépense, corrompt les âmes les plus pures [FÉN., Tél. XXII] 3° Absolument. Il se rendait propriétaire de l’héritage ; ainsi les parjures étaient sûrs d’acquérir [MONTESQ., Espr. XXVIII, 18] La fureur d’acquérir corrompit leur justice [VOLT., Scyth. IV, 2] 4° Avec une personne pour sujet, attirer sur soi, appeler sur soi, en bonne ou en mauvaise part. Acquérir les bonnes grâces de quelqu’un. S’acquérir des amis, de la gloire. S’il voyait le monde pour se faire un nom, pour acquérir du crédit, de la réputation [BOURD., Pensées, t. II, p. 492] Ils y auraient beaucoup mieux rempli que moi la place que j’occupe, et y auraient acquis bien d’autres mérites que moi [ID., ib. p. 453] N’acquérez point ma haine en perdant votre temps [CORN., Théod. II, 4] C’était le vrai moyen d’acquérir sa tendresse [MOL., l’Étourdi, IV, 1] [Elle] Efface son estime et s’acquiert des mépris [ROTROU, Vencesl. I, 1] Ne vous acquérez pas par votre dureté Un renom odieux à la postérité [ID., Antig. II, 2] Quelle gloire il acquit dans ces tristes combats ! [VOLT., Zaïre, I, 1] 5° Procurer, faire avoir, en bonne ou en mauvaise part. Cela lui a acquis l’estime publique. Ses services lui ont acquis une position honorable. Il n’est point de climat où mon amour fatale N’ait acquis à mon nom la haine générale [CORN., Médée, III, 3] Mon bonheur ordinaire M’acquiert les volontés de la fille et du père [ID., Méd. I, 1] Vous ai-je acquis sur eux en ce dernier effort La puissance absolue et de vie et de mort ? [ID., Pomp. III, 2] Ces fameux Lévites…. qui…. Et par ce noble exploit vous acquirent l’honneur D’être seuls employés aux autels du Seigneur [RAC., Athal. IV, 3] 6° Gagner. Cet artiste acquiert de l’habileté. Ce terrain acquiert de la valeur. Avec le secours d’en haut, on peut s’y former [à la prudence], on peut l’acquérir ; on l’acquiert par la réflexion et par de fréquents retours sur soi-même [BOURD., Pens. t. II, p. 478] L’autre se fait écouter comme un maître, tant il paraît avoir acquis de connaissances et être versé en tout genre d’érudition [ID., ib. p. 199] Et, à mesure que l’on acquiert d’ouverture dans une nouvelle métaphysique, y perdre un peu de sa religion [LA BRUY., 16] 7° Absolument. Devenir meilleur, en parlant des personnes et des choses. Cet orateur acquiert tous les jours. Ce vin acquiert en vieillissant. 8° Acquérir quelqu’un, acquérir sa foi, son c?ur, gagner son affection, ses services, et, en parlant d’une femme, son amour, sa main. Ce c?ur vous est acquis après le diadème [CORN., Rod. III, 4] Ce qui touche mon c?ur, ce qui charme mes sens, C’est Laodice acquise à mes v?ux innocents [ID., Nic. V, 5] Quand, pour vous acquérir, je gagnais des batailles…. [ID., Perth. I, 4] Il pense m’acquérir par cette perfidie [ID., Tois. d’Or, IV, 7] Et si vous refusez par là de m’acquérir, Vous ne sauriez vous-même éviter de périr [ID., Attila, IV, 6] Le désespérer ce n’est pas l’acquérir [ID., Théod. II, 6] ….ne me perdez pas envoulant m’acquérir [ID., ib. III, 5] Sa tête est le seul prix dont il peut m’acquérir [ID., Cinna, I, 2] Et c’est pour l’acquérir [Émilie] qu’il nous fait conspirer [ID., ib. III, 1] Je viens de la trouver tout à fait adorable ; Et je suis en suspens si, pour me l’acquérir, Aux extrêmes moyens je ne dois point courir [MOL., l’Étourdi, III, 2] Il faut se multiplier en quelque façon par la charité et avoir autant d’esprits et autant de c?urs qu’on a de sujets qu’on veut acquérir à l’Église [FLÉCH., Panég. II, p. 361] Ma foi lui fut acquise et lui fut enlevée [VOLT., Irène, I, 1] 9° Obtenir. J’ai acquis la preuve de ce que je vous dis. De ses feux tôt ou tard j’acquerrai quelque indice [DUCIS, Othel. IV, 1] Ces mortels dont l’État gage la vigilance, Ont de tous ses projets acquis la connaissance [ID., ib. V, 5] 10° S’acquérir, v. réfl. Être acquis. Tout ce qui peut s’acquérir par l’expérience. Les amitiés s’acquièrent par les services. REMARQUEIl n’y a point de verbe sur l’orthographe et sur la conjugaison duquel les auteurs aient varié davantage. L’abbé Grosier, Le Gendre, l’abbé de Mably ont dit au présent il acquière pour acquiert ; et les deux derniers, ils acquèrent pour ils acquièrent. D’autres écrivains, au nombre desquels il faut mettre Corneille, ont dit au futur simple et au conditionnel, acquérera et acquérerait, au lieu de acquerra et acquerrait ; ni l’un ni l’autre ne doivent être imités. HISTORIQUEXIIe s. Là vint Rolant, mais il fu si aquis [fatigué] [, Ronc. p. 103] Par Guenelon, qui cest mal nous aquit [, ib. p. 180] Dont s’escrierent et Gautiers et Geris : Cuivers bastars, com or estes aquis [réduit à l’extrémité] ! [, R. de Cambrai, 204] XIIIe s. Que j’ai sans ma desserte tel mescheance aquise [, Berthe, 31] Mieux [je] veuil mourir que vivre, tant sui de deuil acquise [, ib. 100] Mais qui amis vodra avoir, Si n’ait mie chier son avoir, Ains par biaus dons amis acquiere [, la Rose, 1163] Par eus n’aqeudrez mauvais los [, Ren. 8137] Cascuns n’est tenus à respondre, fors de tant qu’il enportera de le [la] coze mal aquise [BEAUMANOIR, VII, 8] XIVe s. Quant cils jeunes roys vint à terre, Moult s’entremist d’onneur aquerre [GUIART, Roy. lign. 190] Le riche pecunieux souvent aquert ou pert ses richesses par violence ou par force [ORESME, Eth. IV, 10] Et les choses que l’en fait pour aucun bien acquerir, l’en les fait avecques delettacion [ID., ib. 50] Des anemis avez par de çà et de là ; Se en aquerés plus, grant folie sera [, Baud. de Seb. X, 1011] XVe s. Ils vous sauront bien conseiller de quels seigneurs vous vous pourrez bien aider et lesquels et comment vous les pourrez mieux acquerir [FROISS., I, I, 62] Depuis, en bien peu de temps, il gagna tant et acquit et profita par rançons, par prises de villes et de chasteaux, qu’il devint si riche que…. [ID., I, I, 325] A quarante ans depuis ce me trouvay Nices et foulz, chetis, poures, dolens ; Tous esbahis, de mon cuidier plouray, Et commençay lors à estre acquerans [E. DESCH., Erreurs de la jeunesse.] Les ennemys qu’il avoit lui mesme acquis à son advenement au royaulme [COMM., I, 10] XVIe s. … homme ne suit la guerre, Que pour honneur ou profit y aquerre [MAROT, I, 358] Il eut enfin la paix par luy acquise ; Tant quise l’as, qu’enfin tu l’as acquise [ID., IV, 199] Se contentant par piperie de s’acquerir l’ignorante approbation du vulgaire [MONT., I, 157] Acquerir des cognoissances [MONT., II, 243] Ils ne se sont point souciez d’acquerir ce dont ils n’eussent point voulu user [AMYOT, Arist et Cat.] Il admonestoit ses gens d’y passer sans y faire aucun dommage, comme en païs qui leur estoit jà tout acquis [ID., Flam. 8] ÉTYMOLOGIEProvenç. acquirir ; de acquirere, de ad, à, et quaerere, querir (voy. QUERIR). Acquérir, provençal acquirir, vient d’un verbe à conjugaison changée, acquirire avec l’accent sur ri ; acquerre, qui s’est dit aussi, est formé régulièrement de acquirere qui a l’accent sur qui. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877acquérir ACQUÉRIR. (J’acquiers; nous acquérons. J’acquérais. J’acquis. J’acquerrai. Acquiers. Que j’acquière. Que j’acquisse. Acquérant. Acquis.) v. tr. Devenir possesseur par suite d’un achat, d’un contrat, etc. Il se dit particulièrement en parlant d’Immeubles et d’autres choses qui procurent des profits ou des avantages d’une certaine durée. Acquérir une terre, une maison, un pré, une rente. Acquérir de ses deniers, des deniers d’autrui. Acquérir du bien légitimement. Acquérir quelque chose en son nom, au nom d’autrui, sous le nom d’un autre. Acquérir les droits de quelqu’un. Acquérir un nouveau droit sur quelque chose. Du bien mal acquis. Il s’emploie aussi figurément en parlant de Toutes les choses qui peuvent être mises au nombre des biens et des avantages réels. Acquérir de l’honneur, de la réputation, du crédit, de l’autorité, de la science, du savoir. Il s’est acquis quantité d’amis. Il s’est acquis les bonnes grâces de son supérieur. Vous avez acquis de la gloire dans cette occasion. Acquérir des droits à l’estime publique. Il y a des qualités naturelles et des qualités acquises. Il signifie par extension Obtenir. Acquérir la preuve, la certitude d’un fait. Il s’emploie dans le sens de Gagner, s’améliorer. Cet enfant a beaucoup acquis depuis quelque temps. Ce domaine acquiert de la valeur. Ce vin acquiert de la force. On dit absolument Ce vin acquiert. Ce droit m’est acquis, Il m’appartient incontestablement, il ne peut m’être disputé. Je vous suis acquis, Vous êtes assuré de mon attachement, de mon zèle à vous servir. Le participe passé ACQUIS est aussi nom masculin et se dit des Connaissances acquises. Cet avocat, ce médecin a de l’acquis, beaucoup d’acquis. Cet élève a beaucoup de dispositions mais pas assez d’acquis. Acquerir, Acquirere, Parere, Quaerere. Acquerir amis, Parare amicos. Acquerir l’amitié de tous les gens de bien, Cum bonis omnibus gratiam inire. Acquerir la bonne grace d’aucun, Parere sibi gratiam apud aliquem. Acquerir et adjouster provinces à l’empire, Prouincias ad imperium adiungere. Ensuyvre la profession d’aucun et maniere d’acquerir et despendre, Quaestum et sumptum alicuius sequi. ACQUÉRIR, v. a. Plusieurs Auteurs écrivent Aquérir sans c. [Akéri, 2eé fer. tout bref.] Faire aquisition de quelque chôse d’utile ou d’agréable. Conjug. d’Aquérir. ? J’aquiers, nous aquérons, vous aquérez, ils aquièrent; j’aquérois, j’aquis; j’ai aquis; j’aquerrai, j’aquerrois; aquiers, que j’aquière, que nous aquérions, vous aquériez, ils aquièrent; j’aquisse, aquérant, aquis. * Rem. Il n’est point de verbe, sur la conjugaison duquel les Auteurs varient davantage. Un Auteur moderne anonyme, M. l’ Ab. Grosier, le Gendre, M. l’Ab. de Mably, disent au présent, il acquière, pour il acquiert, et les deux derniers, ils acquèrent, pour ils aquièrent. D’autres Ecrivains disent au futur simple et au conditionel, aquérera, et aquérerois, au lieu de, aquerra, aquerrois. « La suie n’aquéreroit jamais cette qualité de la fumée du bois et du charbon. Miss. du Lev. « En multipliant nos subsistances, nous acquérerons, une population immense. Anon. « Si vous nous défendez, vous aquérerez des alliés. P. Barre, (Hist. d’Allem.) et M. Fréron père, ou son Imprimeur: « La plupart des faits aquéreront un nouveau degré de certitude. ? J’acquérerai, nous acquérerons, sont de barbarismes, dit M. de Wailly; et la Touche témoignait sa surprise d’avoir trouvé dans l’ép. dédic. d’ un livre nouveau, vous aquérerez au lieu de vous aquerrez. ? Pluche dit tantôt, il aquérera, il aquéreroit, tantôt il aquerroit. Corneille avait long-temps auparavant employé aquérerois. ? J’aquérerois par-là de bien puissans appuis. Rousseau enfin, au lieu de aquière pres. du subj. dit acquierre, pour le faire rimer avec équerre. ? Vous êtes-vous, Seigneur, imaginé, Le coeur humain de près examiné, En y portant le compas et l’équerre; Que l’amitié par l’estime s’aquierre. AQUÉRIR a quelquefois pour 2e régime le dat. (la prép. à) Louis le Grand a acquis à la France plusieurs Provinces. « Sa conduite lui a aquis l’estime de tout le monde. ? Ce verbe régit quelquefois la prép. de, des persones. « J’ai aquis de mon voisin une pièce de terre, qui étoit fort à ma bienséance. ? Etre aquis, (dévoué) le datif, (la prép. à.) Je vous suis aquis (à vous) les veuves vous sont aquises. SEV. « Je suis entièrement aquis à votre maison. ? S’aquérir régit l’accusatif de la chose, le pron. pers. se étant au datif de la persone: « il s’est aquis beaucoup d’amis. « Un homme pacifique s’aquiert l’affection de tout le monde et l’estime même de ses ennemis. * REM. Acquérir ne s’emploie guère qu’en parlant des choses avantageuses, comme aquérir des honeurs, de la gloire, des richesses. On a repris autrefois M. de Balzac d’avoir dit, aquérir des fluxions et des caterres, au lieu de gagner, qui est le terme propre en cette ocasion. Cependant la Touche prétend qu’on dit fort bien aquérir une mauvaise réputation. Je ne suis pas de son avis. L’Acad. ne dit aquérir que des choses honêtes qui peuvent se mettre au nombre des biens et des avantages. ? On ne doit donc pas dire aquérir, mais gagner une maladie, la fièvre, un rhume, une fluxion, etc. si ce n’est en plaisantant. Voyez GAGNER.