abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmerait
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmerais
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmeraient
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmerai
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmer
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abimer
abîmerParticipe passé: abîméGérondif: abîmantIndicatif présentPassé simpleImparfaitFuturConditionnel présentSubjonctif imparfaitSubjonctif présentImpératifPlus-que-parfaitFutur antérieurPassé composéConditionnel passé Passé antérieurSubjonctif passéSubjonctif plus-que-parfaitIndicatif présentj’abîmetu abîmesil/elle abîmenous abîmonsvous abîmezils/elles abîmentPassé simplej’abîmaitu abîmasil/elle abîmanous abîmâmesvous abîmâtesils/elles abîmèrentImparfaitj’abîmaistu abîmaisil/elle abîmaitnous abîmionsvous abîmiezils/elles abîmaientFuturj’abîmeraitu abîmerasil/elle abîmeranous abîmeronsvous abîmerezils/elles abîmerontConditionnel présentj’abîmeraistu abîmeraisil/elle abîmeraitnous abîmerionsvous abîmeriezils/elles abîmeraientSubjonctif imparfaitj’abîmassetu abîmassesil/elle abîmâtnous abîmassionsvous abîmassiezils/elles abîmassentSubjonctif présentj’abîmetu abîmesil/elle abîmenous abîmionsvous abîmiezils/elles abîmentImpératifabîme (tu)abîmons (nous)abîmez (vous)Plus-que-parfaitj’avais abîmétu avais abîméil/elle avait abîménous avions abîmévous aviez abîméils/elles avaient abîméFutur antérieurj’aurai abîmétu auras abîméil/elle aura abîménous aurons abîmévous aurez abîméils/elles auront abîméPassé composéj’ai abîmétu as abîméil/elle a abîménous avons abîmévous avez abîméils/elles ont abîméConditionnel passéj’aurais abîmétu aurais abîméil/elle aurait abîménous aurions abîmévous auriez abîméils/elles auraient abîmé Passé antérieurj’eus abîmétu eus abîméil/elle eut abîménous eûmes abîmévous eûtes abîméils/elles eurent abîméSubjonctif passéj’aie abîmétu aies abîméil/elle ait abîménous ayons abîmévous ayez abîméils/elles aient abîméSubjonctif plus-que-parfaitj’eusse abîmétu eusses abîméil/elle eût abîménous eussions abîmévous eussiez abîméils/elles eussent abîméCollins French Verb Tables © HarperCollins Publishers 2011
abîment
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmées
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.
abîmée
abîmer v.t.Mettre en mauvais état : La pluie a abîmé son chapeau détériorer, endommagers’abîmer v.pr. 1. Subir des dommages : Une peau fragile qui s’abîme au soleil se détériorer se gâter2. Sout. Disparaître comme dans un abîme : L’avion s’abîma dans la mer s’engloutir3. Litt. S’enfoncer profondément dans : S’abîmer dans ses pensées s’absorber, se plongerMaxipoche 2014 © Larousse 2013ABÎMER (a-bi-mé) v. a.1° Précipiter dans un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement de terre abîme parfois une maison. Nous ne pouvons abîmer Télémaque dans les flots de la mer [FÉN., Tél. XIX.] Dieu résolut enfin…. D’abîmer sous les eaux tous ces audacieux [BOILEAU, Sat. XI] 2° Fig. Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nouvelle l’abîma en de graves réflexions. En l’esclavage un autre hymen l’abîme [CORN., Sert. 1] Faites qu’elle aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir même où son change m’abîme [ID., Perth. II, 1] L’inceste où malgré vous tous deux je vous abîme, Recevra de ma main sa première victime [ID., ?d. v, 10] 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher. Les procès ont abîmé sa fortune. L’ouragan abîme les blés. Les pluies abîment les chemins. Son chapeau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capables d’abîmer l’État [BOSSUET, Lett. XXXIV] Pour soutenir tes droits…. Abîme tout plutôt, c’est l’esprit de l’Église [BOILEAU, Lutrin, I] Un procès, une saison cruelle, une taxe qui vous abîme [MASS., Visit.] 4° Dans une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser rien de bon à répondre. On voit en tous ces endroits comme il les abîme [ces théologiens] [BOSSUET, Avertiss. VI] S’ABÎMER, v. réfl. 5° Tomber dans un abîme. Le vaisseau s’abîma dans la mer. Une grande partie s’abîma dans le fleuve. L’infanterie s’abîma dans un marais. Troie s’abîma dans les flammes. Au fond de l’eau bouillante elle s’est abîmée [ROTROU, M. de Chrispe, v, 10] Mourez ; tout doit mourir, et nos saints monuments S’abîment avec nous sans laisser plus de trace [C. DELAVIGNE, Paria, IV, 7] Terre où je n’ai plus rien que mon c?ur puisse aimer, Ouvre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m’abîmer ! [LEMERC., Fréd. et Br. IV, 4] 6° Fig. Tout s’abîme dans l’oubli. S’abîmer dans l’étude. Il s’abîme dans de tristes pensées. S’abîmer dans le désespoir. Toi donc qui vois les maux où ma muse s’abîme [BOILEAU, Sat. II] Et dans les doux torrents d’une allégresse entière Tu verras s’abîmer tes maux les plus amers [CORN., T. d’or, Prol.] Que les tristes pensers où votre âme s’abîme, Ne vous empêchent pas de prévenir son crime [MAIR., Sol. II, 8] Ces tristesses profondes où vous vous abîmez [BOURD., Pensées, t. III, p. 65] Occupé de tout cela, rempli d’admiration à la vue de tout cela, on voudrait de quelque manière s’abîmer et s’anéantir [ID., ib. p. 386] Boufflers s’abîma en respects, et répondit [au roi] que de si grandes marques de satisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu’il pouvait mériter [SAINT-SIMON, 214, 144] Je m’abîme dans ces pensées [SÉV., 12, 6] Château, chapelle, donjon, tout s’en va, tout s’abîme [P. L. COUR., 1, 176] 7° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s’abîment au soleil. ABÎMER, v. n. Tomber dans un gouffre, se perdre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le tremblement de terre. Il semblait que le monde dût abîmer [PERROT D’ABLANCOURT, dans FERAUD] Jurant à faire abîmer la ville de Valence [SCAR., Rom. com. II, 14] Peu usité en cet emploi. REMARQUECe mot offre une idée de profondeur. Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Corneille, dit-on abîmé dans la douleur, dans la tristesse ? C’est que l’on peut y ajouter l’épithète de profonde. Des grammairiens ont reproché à l’Académie d’avoir admis abîmer avec le sens de gâter : un habit abîmé. L’Académie n’a fait en cela que constater un usage, peu élégant sans doute, mais qui est très réel. En tout cas, cet usage n’a point amoindri le mot abîmer, qui garde dans sa plénitude sa grande signification. HISTORIQUEXVIe s. Il estoit homme désordonné, dissolu et desbordé en despense et abysmé de dettes [AMYOT, Galba, 26] En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux et donner festes publiques, il abysma, par manière de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoient efforcés d’en faire auparavant [ID., César, 6] Si que les nefs sans crainte d’abismer Nageoient en mer à voiles avallées [MAROT, II, 249] Dont plus n’auront crainte ne doute, Et deust trembler la terre toute, Et les montagnes abismer Au milieu de la haute mer [ID., IV, 291] Sers-moi de phare et garde d’abismer [que ne s’abîme] Ma nef qui flotte en si profonde mer [RONSARD, 595] Dont il est necessaire que les uns soient par desespoir jettés en un gouffre qui les abysme [CALV., Inst. 662] Tous ensemble forment une indissoluble amitié pour abysmer les Lutheriens [CARL., VIII, 16] Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! [DU BELLAY, III, 93, verso.] ÉTYMOLOGIEAbîme ; Berry, abisser ; provenç. abissar ; anc. catal. abisar ; espagn. abismar ; ital. abissare. Le patois du Berry, ainsi que d’autres, ont suivi abyssus et non abyssimus. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABÎMER. Ajoutez : 4° En général, maltraiter. Saint Augustin et les deux lettres auxquelles on nous renvoie y sont abîmés [BAYLE, La France toute catholique, à la fin] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abîmer ABÎMER. v. tr. Précipiter dans un abîme. Les cinq villes que Dieu abîma. Un tremblement de terre vient d’abîmer toute une ville au Japon. Cette montagne, cette maison s’est abîmée tout à coup. La barque s’entrouvrit et s’abîma. Il signifie au figuré Ruiner entièrement. Cette affaire l’a abîmé. Des dépenses excessives l’ont abîmé. Il a vieilli dans cet emploi. Il signifie aussi, figurément et familièrement, Endommager beaucoup. La pluie a abîmé mon chapeau. La rouille abîme le fer. L’ouragan abîma les blés. Ces longues pluies ont abîmé les chemins. Cette robe s’abîme à la poussière. Laisser des meubles s’abîmer à l’humidité. S’ABÎMER signifie au figuré S’abandonner complètement à une pensée, à un sentiment, à un genre de vie, s’y plonger. S’abîmer dans ses pensées. S’abîmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. S’abîmer dans la débauche, dans les plaisirs. Une femme abîmée dans sa douleur. ABIMER, v. a. [Abimé. Voy. ABIMÉ, adj.] Précipiter dans un abîme. « Les cinq villes que Dieu abima. Acad. Il est peu usité au propre. ? Au fig. Perdre, ruiner entiérement: « cette affaire, ces dépenses l’ ont abimé. ? Marivaux lui done pour 2e. régime la prép. de. « Toutes ces considérations m’abimoient de douleur. Ce régime n’est bon qu’au passif et avec dettes: « il est abimé de dettes, et un homme abimé de dettes est rarement un homme qui n’est que malheureux. ABIMER, neut. et sans régime: périr, tomber dans un abîme. Dans le Dict. Gramm. On reprend d’Ablancourt d’avoir dit: « il semblait que le monde dût abimer. ? l’Acad. l’admet: « c’est un méchant homme: il abimera avec tout son bien. S’ABIMER. Le Dict. de l’Acad. n’en done d’exemple qu’au figuré. En voici un exemple au propre. « Leurs âmes criminelles… s’abîment dans les gouffres infernaux: mortels aprenez à respecter la Divinité. Jér. Dél. ? S’abimer dans l’étude, s’y apliquer profondément; s’abimer dans sa douleur, dans ses pensées, dans la débauche, dans les plaisirs. ETRE ABIMÉ régit aussi la prép. dans. « J’étais abimé dans la plus amère douleur, Télém. Voy. ABIMÉ, adj.