accent n.m. [ lat. accentus, intonation ] 1. Prononciation, intonation, rythme propres à l’élocution dans une région, un milieu : Parler français avec un accent anglais.2. En phonétique, mise en relief d’une syllabe, d’un mot ou d’un groupe de mots dans la chaîne parlée : Accent tonique. Accent de hauteur, d’intensité.3. Inflexion expressive de la voix : Sa remarque avait un accent de moquerie intonation4. Signe graphique placé sur une voyelle pour noter un fait phonétique ou grammatical : Accent aigu (‘), grave (`), circonflexe (?).Mettre l’accent sur, mettre en relief ; attirer l’attention sur : Ils ont mis l’accent sur les difficultés de la lutte contre le chômage insister surMaxipoche 2014 © Larousse 2013ACCENT (a-ksan ; ne prononcez pas a-san comme font les méridionaux) s. m.1° Terme de grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe dans un mot, c’est-à-dire intensité donnée à une syllabe relativement aux autres : cela s’appelle accent tonique. 2° Inflexions particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent anglais, italien. Accent gascon. On connaît à son accent de quelle province il est. L’air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l’accent normand à Rouen ou à Falaise [LA BRUY., 8] L’accent du pays où l’on est né demeure dans l’esprit et dans le c?ur, comme dans le langage [LA ROCHEF., Réflex. 342] 3° Absolument. Prononciation des personnes de province par rapport au parler de la capitale. Pour bien parler il ne faut pas avoir d’accent ; cette phrase veut dire qu’il faut donner l’accent consacré par le bon usage parmi ceux qui parlent bien. Il a perdu, conservé son accent. 4° Accent oratoire ou pathétique, inflexion de la voix par rapport aux sentiments ou aux pensées. Je trouve qu’il prend toujours l’accent le plus convenable à son sujet. Il avait dans les morceaux pathétiques un accent de tristesse. J. J. Rousseau a fait confusion entre l’accent oratoire et l’accent proprement dit, en écrivant : Se piquer de n’avoir point d’accent, c’est se piquer d’ôter aux phrases leur énergie, Ém. I. 5° Langage, chant, dans le style élevé et la poésie. Les accents de la passion, de la colère. De tristes accents. J’entends vos divins accents. Écoute les accents de sa mourante voix [CORN., Médée, V, 8] Ce sont les accents de la nature qui causent ce plaisir : c’est la plus douce de toutes les voix [MONTESQ., Esprit, XXVI, 4] Ces accents de la mort sont la voix de Ninus [VOLT., Sém. I, 3] Son aspect, ses accents Ont fait trembler mon bras, ont fait frémir mes sens [ID., Oreste, IV, 5] Aux accents de l’airain sonnant, les homicides…. [M. J. CHÉN., Ch. IX, V, 2] …. des clairons les belliqueux accents Pour la première fois font tressaillir mes sens [C. DELAV., Paria, I, 1] Enfin sa bouche flétrie Ose prendre un noble accent [BÉRANGER, Judas.] 6° Petite marque qui se met sur une syllabe, soit pour en indiquer la prononciation, soit pour la caractériser grammaticalement. REMARQUELa grammaire française a trois espèces d’accents : l’accent aigu, l’accent grave, l’accent circonflexe. 1. L’accent aigu se met sur tous les é fermés qui terminent la syllabe, ou qui sont seulement suivis d’un s, signe du pluriel : bonté, vérité, assemblée, les procédés, les prés émaillés. Mais on écrira sans accent l’e fermé de nez, de berger, parce qu’ici ce n’est point l’e qui termine la syllabe. 2. L’accent grave se met sur tous les è ouverts qui terminent la syllabe : pèle, règle, prophète, il mène ; ou qui sont suivis d’un s qui achève le mot : procès, succès, décès, après. Exceptions : ces, les, mes, tes, ses…. j’appelle, terre, coquette. En effet, dans ces trois derniers mots, le redoublement de la consonne donne à la voyelle un son ouvert et rend inutile l’accent grave. Il faut remarquer que l’è est toujours ouvert lorsqu’il termine la syllabe et qu’il est suivi d’une consonne et d’un e muet : il espère, il pèse, modèle. Sont exceptées les phrases interrogatives : aimé-je, dussé-je, veillé-je, etc. où l’e est fermé comme dans bonté. On a excepté aussi, du moins pour l’écriture, sacrilége, sortilége, collége, qu’on écrit par un accent aigu ; mais la prononciation usuelle met un accent grave et dit comme s’il y avait sacrilège, sortilège, collège. C’est un cas où l’Académie devrait intervenir. Dans plusieurs mots l’accent grave ne sert que de distinction grammaticale : à préposition et il a ; des article partitif et dès préposition ; où adverbe de lieu et ou conjonction ; là adverbe de lieu et la article féminin. 3. L’accent circonflexe s’emploie : 1° lorsque la voyelle est longue, et surtout lorsqu’il y a suppression de lettre, comme dans les mots âge, bâiller, tête, épître, côte ; 2° sur l’avant-dernier e de quelques mots en ême, comme extrême, blême ; 3° sur l’i des verbes en aître, en oître, dans tous les temps où i est suivi de t : naître, paraître, accroître, il naît, il paraîtra, nous accroîtrons ; 4° sur o qui précède les finales le, me, ne, comme dans pôle, rôle, dôme, fantôme, trône. On en fait également usage à la première et à la deuxième personne du pluriel du prétérit défini de l’indicatif, et à la troisième personne du singulier de l’imparfait du subjonctif : nous aimâmes, vous aimâtes, vous reçûtes, qu’il fût, qu’il eût, qu’il aimât, qu’il reçût. Dans cet emploi l’accent circonflexe indique la suppression d’une lettre ou la longueur de la voyelle comme dans lâche, apôtre ; tantôt il indique seulement la longueur de la syllabe, sans suppression de lettre, comme dans pôle, trône ; tantôt enfin il indique seulement la suppression d’une lettre sans que la voyelle soit allongée, comme dans hôpital, où l’o n’est pas long. Dans certains cas, l’accent circonflexe ne sert non plus que de distinction grammaticale : du, article composé pour de le, et dû, participe passé du verbe devoir, anciennement deu ; tu, pronom personnel, et tû, participe passé du verbe taire, anciennement teu ; sur, préposition, et sûr, adjectif, anciennement seur. Ces accents, qui servent de signes dans l’écriture, sont très différents dans le grec et dans le français, qui pourtant les a pris du grec. Les accents aigu, grave et circonflexe, dans le grec, servent uniquement à noter la syllabe qui a l’accent tonique, et désignent des nuances de cette intonation. En français, l’accent tantôt dénote la prononciation de quelques voyelles, tantôt indique la suppression d’une lettre, tantôt est employé à distinguer l’un de l’autre deux mots qui, ayant des acceptions très différentes, s’écrivent, sauf cet accent, de même. Il y a, comme on voit, quatre sortes d’accents qu’il ne faut pas confondre, et que l’on confond souvent : 1° l’accent tonique, qui est l’élévation de la voix sur une syllabe d’un mot : dans donne, l’accent tonique est sur la pénultième ; dans amour, il est sur la dernière. Dans la langue française l’accent tonique n’occupe jamais que l’une de ces deux places. Dans le latin, l’accent tonique est en général sur la pénultième syllabe, si cette syllabe est longue, et sur l’antépénultième, si la pénultième est brève. C’est l’accent latin qui a déterminé la forme des mots français d’origine. La syllabe qui avait l’accent en latin l’a conservé en français : présbyter, prêtre, frágilis, frêle, ánima, âme. Le français, quoi qu’on en ait dit, a un accent très marqué : l’accent, en chaque mot, se trouve sur la dernière syllabe, si elle n’est pas terminée par un e muet, et sur l’avant-dernière, si la dernière est terminée par un e muet Dans le parler, les mots non accentués s’appuient sur les mots accentués et ne font qu’un avec eux ; ainsi dans ce vers tout monosyllabique de Racine : Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon c?ur ; il y a cinq accents, un sur jour, un sur pas, un sur pur, un sur fond et un cinquième sur c?ur, de sorte que pour l’oreille il n’y a vraiment que cinq mots. Le vers français, comme le vers italien, anglais ou allemand, est fondé sur l’accent aussi bien que sur le nombre des syllabes. Dans le vers alexandrin, il faut deux accents : l’un à la sixième syllabe, et l’autre à la douzième ; dans les vers de dix syllabes, il en faut deux aussi : l’un à la quatrième et l’autre à la dixième syllabe. 2° L’accent provincial, qui est l’intonation propre à chaque province et différente de l’intonation du bon parler de Paris, prise pour règle. 3° L’accent oratoire, qui est l’inflexion donnée aux mots conformément aux affections de l’âme de celui qui parle ou qui lit. 4° L’accent, signe grammatical servant dans l’orthographe à différents usages. HISTORIQUEXVIe s. Ses propos estoient belles chansons, estans les paroles accompagnées de chants, de gestes et d’accents pleins de douceur et de gravité [AMYOT, Lyc. 4] ÉTYMOLOGIEProvenç. accent ; espagn. acento ; ital. accento ; d’accentus, de ad, à, et cantus, chant (voy. CHANT). SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREACCENT. – HIST. XVIe s. Ajoutez : L’accent ou ton en prononciation est une loi ou regle certaine pour elever ou abaisser la prononciation d’une chacune syllabe [MEIGRET, dans LIVET, la Gramm. franç. p. 104] Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877accent ACCENT. n. m. T. de Grammaire. Élévation de la voix sur une syllabe, dans un mot, Modification de la voix dans la durée ou dans le ton des syllabes et des mots. Mettre l’accent sur un mot que l’on veut faire valoir. Accent grammatical ou prosodique, Celui dont la grammaire, dont la prosodie fixe les règles. Lorsqu’il s’agit seulement de l’élévation de la voix sur une des syllabes du mot, on le nomme Accent tonique. Il se dit d’une manière plus générale de l’Intonation qui convient à l’expression des divers sentiments. Les accents de la passion. Des accents plaintifs. L’accent de la nature, de la sincérité. Et par suite il peut s’appliquer aux divers genres littéraires. L’accent oratoire. Il se dit absolument de l’Accent tonique et des Syllabes mêmes sur lesquelles porte cet accent. En grec, en italien, etc., la connaissance des accents, de l’accent est extrêmement importante. Déplacer l’accent. Il se dit aussi des Inflexions de voix particulières à une nation, aux habitants de certaines provinces. Accent national. Accent anglais, italien. Accent gascon. Accent normand, provençal. On connaît à son accent de quelle province il est. En ce sens il s’emploie quelquefois absolument. Il a de l’accent. Il a perdu, il a conservé son accent. ACCENT se dit aussi d’un Signe spécial qui se met sur une syllabe, soit pour faire connaître la prononciation de la voyelle, soit pour distinguer le sens d’un mot d’avec celui d’un autre mot qui s’écrit de même. Nous avons en français trois accents : l’accent aigu ( ‘), l’accent grave ( ` ) et l’accent circonflexe ( ^ ), On met l’accent aigu sur un é, pour marquer que c’est un é fermé, et qu’il doit être prononcé comme dans ces mots, Santé, charité. On met l’accent grave sur un è ouvert, comme dans Procès, succès; on le met aussi sur à, préposition, pour le distinguer de a, troisième personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe Avoir; on le met également sur là, adverbe, pour le distinguer de la, article, et sur où, adverbe, pour le distinguer de ou, conjonction. On met un accent circonflexe sur les voyelles longues où il indique ordinairement la suppression d’une voyelle ou d’une consonne qui figuraient anciennement, comme dans Âge, rôle (Aage, roole); Âne, fête, tête, gîte, côte (Asne, feste, teste, giste, coste). Accent. m. Est pur Latin, et signifie l’elevation, ou rabbaissement, ou contour de la voix en prononçant quelque diction, Accentus, et consequemment signifie les virgules et marques apposées aux mots indicans les endroits d’iceux où il faut hausser, ou rabbaisser, ou contourner la voix: dont il y a trois manieres, accent aigu, dont voici la figure, / accent grief ou grave, ` et accent circonflex ou contourné, ^ ou ~. Accent aigu, selon lequel la diction est dite aiguë, est assis sur la derniere syllabe de la diction, comme il l’est en tous les noms masculins et infinitifs François, peu s’en faut, comme banny, baston, foüet, frapper, tuer, et autres. Accent aigu, selon lequel la diction est dite penacuta, est assis sur la penultiesme syllabe de la diction, comme en la pluspart des noms feminins François, beste, femme, Dame, foulée, et en certains infinitifs, braire, taire, frire, duyre, escourre. Accent aigu, selon lequel la diction est dite antepenacuta, n’a point de lieu en la langue Françoise, si lon ne le vouloit placer en ce verbe Javeler, que aucuns prononcent par ledit accent, et bien fort peu d’autres. Accent circonflex, ou contourné, selon lequel la diction est dite circonflexe, n’a point de lieu en la langue Françoise, si qu’on en ait notoire appercevance, si l’on ne vouloit dire, qu’il se trouvast en Neelle Chaalons, Seel, Laon, Caën, faon, Haa, et és feminins finissans en deux voyelles, foulêe, batûe, ou en une diphtongue et une voyelle, Blaye, saulsaye, playe. Accent acut, ou eslevé, Accentus acutus. Accent grave, ou bas, Accentus grauis. Accent circonflex, Accentus circunflexus. ACCENT, s. m. [Ak-san: le t ne se prononce pas; en a le son d’an, il est long.] l’Acad. définit l’accent, une élévation plus ou moins forte de la voix sur certaines syllabes, et une manière de les prononcer plus ou moins longues ou brèves. Mais c’est confondre l’accent avec la prononciation. Leur signification est bien diférente. Tous deux ont raport au langage, mais la prononciation exprime le plus ou le moins d’exactitude à marquer les accens, les brèves et les longues, à suprimer ou à faire sentir les lettres qui doivent être muettes, ou se faire entendre: accent est une inflexion de voix et de gosier particulière aux diférentes Provinces. On peut avoir une bone prononciation, et un mauvais accent et vice versâ. Le peuple même, en certaines Provinces, a un joli accent, quoiqu’il fasse quelquefois des faûtes contre les règles de la prononciation: dans d’autres, au contraire, les persones les mieux élevées ont un accent rude et désagréable, quoiqu’elles observent ces règles très-exactement. La mauvaise prononciation peut se corriger; mais le mauvais accent ne se corrige jamais parfaitement. On peut doner des règles de prononciation, on ne peut pas doner des préceptes pour l’accent. Enfin, les nuances de l’accent sont plus fines et plus délicates que celles de la prononciation. FER. ACCENT est aussi un terme poétique. « Les doux accens de sa voix: tristes accens; accens plaintifs. Acad. Il se met toujours au pluriel. ACCENT est encore une petite marque mise sur une voyelle, ou pour en faire connoître la prononciation, ou pour distinguer le sens d’un mot, de celui d’un autre mot, qui s’ écrit de même, comme là adv. de la pronom. Il y a en français trois sortes d’accens; l’aigu (‘), le grave (`) et le circonflexe (^) qui, réunissant les deux autres, présente la figure d’un chevron. Le 1er. l’accent aigu, se met sur tous les é fermés, soit au commencement, soit au milieu, soit à la fin des mots: Édit, vérité, témérité. ? Lorsque l’e est suivi d’un z, on n’y met point l’aigu, le propre du z final étant de rendre fermé l’e qui précéde. Ex. nez, assez, vous avez, vous parlerez. ? La Touche se plaignait avec raison, au comencement de ce siècle, qu’il y eût peu d’Auteurs qui fussent exacts à marquer l’ é fermé. « Les uns, dit-il, ne l’accentuent jamais; les autres le marquent en certaines syllabes et ne le font pas en d’autres, plus par coutume que par bone raison. Il ajoute que « il est très-fàché que Mrs. de l’Académie n’aient pas fixé dans leur Dictionaire la prononciation de l’é fermé, qui est souvent douteûse pour beaucoup de gens. Il auroit pû se plaindre aussi de Richelet, qui a eu la même négligence. ? Dans la dernière Édition de son Dictionaire, l’Académie a marqué régulièrement les accens. Et depuis l’impression de celui d’orthographe, les Imprimeurs sont plus exacts, et supléent à la paresse, et quelquefois à l’ignorance des Auteurs. Mais ils doivent se piquer d’une exactitude encore plus grande. ? Nous espérons que ce Dictionaire y contribuera de quelque chôse. L’accent grave se met sur les è fort ouverts, suivis d’une s à la fin: procès, succès, etc. Il se met encore sur à, lorsqu’il est article ou préposition, pour le distinguer d’a verbe, il a; sur là adverbe, pour le distinguer de la article ou pronom; sur où adv. (ubi) pour le distinguer de ou conjonction (vel). La Touche était fort surpris qu’il n’y eût que très-peu de gens qui se servissent de l’accent grave pour marquer l’e ouvert, quoique ce dût être là son véritable usage; les uns l’accentuant d’un aigu, les aûtres mettant un z après cet e, dans les mots qui viennent du latin: accés ou accez, procés ou procez, succés ou succez; ce qui confond les signes de la prononciation, pour lesquels sont établis les accens, et induit en erreur un grand nombre de persones. Il reproche cette méthode vicieûse d’accentuer, à Mrs. de l’Acad. qui écrivaient trés, prés, aprés, accés, etc. et procez, succez, congrez, etc. et il cherche vainement la diférence de ces deux ortographes, toutes deux irrégulières. ? Tout le monde, Auteurs, Imprimeurs, Lexicographes, et entre autres, l’Académie, s’est corrigé là-dessus. Rem. Depuis quelque temps, on place aussi l’accent grâve sur des e pénultièmes, qui ont un son moyen, et qui sont suivis d’un e muet: nièce, remède, collège, zèle, crème, cène, père, mère, thèse, prophète, brève, etc. ? L’Acad. marque plusieurs de ces e pénultièmes avec l’accent aigu; mais cet e n’est pas fermé: l’accent aigu ne doit donc pas en être le signe. Il serait à souhaiter qu’on consacrât l’accent grave à cet è moyen, et qu’on réservât le circonflexe pour l’e ouvert. ? Il conviendrait aussi qu’on marquàt d’un accent grâve la terminaison en et, comme l’ont fait quelques Auteurs et Imprimeurs, quoiqu’en petit nombre; projèt, regrèt, et qu’on marquât du circonflexe~ les è ouverts: succês, procês, etc. On écrit sans accent les noms terminés en er, et, el, ec; enfer, net, fiel, sec. Ce serait un secours pour les étrangers, les jeunes gens, & les provinciaux, d’y mettre un accent, ou grave, ou circonflexe, suivant que l’e est moyen ou ouvert. Les terminaisons des noms en er en auraient plus besoin encore que les autres, pour ne pas les confondre avec les verbes terminés de même, où l’e est fermé. L’accent grave serait aussi utile pour marquer l’e moyen, exprimé par des consones redoublées devant l’e muet; et au-lieu d’écrire belle, immortelle, musette, trompette, on devrait mettre avec l’accent, bèle, immortèle, musète, trompète, comme quelques-uns le fesaient autrefois, au dire de La Touc. Ce serait le moyen de simplifier l’orthographe, et de la mettre à portée du grand nombre. Enfin, l’accent circonflexe ne se doit mettre que sur les voyelles longues, tant au milieu qu’à la fin des mots. Il marque ordinairement le retranchement d’une lettre employée dans l’ancienne orthographe: âge, tête, gîte, tantôt, etc. qui s’écrivaient autrefois aage, teste, giste, tantost, etc. On met aussi l’acc. circ.sur la 3e. pers. sing. de l’imparfait du subjonctif: qu’il allât, qu’il vît, qu’il fût, qu’il eût. Outre que la syllabe est longue, cet accent distingue ce temps du préterit de l’indicatif où elle est brève. j’allas, je vis, je fus, j’eus; ou des participes vu, reçu, où plusieurs mettent mal-à-propos l’accent, sous prétexte qu’ il remplace une voyelle retranchée; veu, reçeu, etc. Rem. Il serait à souhaiter qu’on marquât du circonflexe les syllabes longues, barbâre, colêre, empîre, aurôre, lectûre; emphâse, thêse, surprîse., chôse, mûse, ôser, etc. Cet accent ne choquerait pas les yeux: ce ne serait pas un nouveau caractère introduit dans la langue; & l’on aurait par ce moyen une prosodie abrégée; tout le monde étant averti qu’il n’y a de syllabes longues que celles qui seraient marquées de cet accent. J’avais eu cette pensée avant de la voir dans La Touche. Si cet usage utile s’établit, nous lui laisserons, si l’on veut, la petite gloire de cette invention.