ABANDONNÉMENT (a-ban-do-né-man) adv.D’une manière abandonnée, sans réserve. Le premier président leur était trop indignement et trop abandonnément vendu pour être plaint de personne [SAINT-SIMON, 518, 126] Mot usité encore, comme on voit, au XVIIIe siècle et bon à employer. HISTORIQUEXIIIe s. Nos mariniers veoient la Montagne par-dessus la bruïne, et pour ce firent nager habandonnéement [JOINV., 283] XIVe s. Le marquis demanda qui il estoit qui si abandonnéement rouvoit ouvrir la porte [DU CANGE, abandonnare.] XVe s. Et entrerent les Anglois abandonnéement dedans les fossés [FROISS., II, II, 65] ÉTYMOLOGIEAbandonnée au féminin, et ment (voy. MENT) ; provenç. abandonadamen ; ital. abbandonatamente. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abandonnement ABANDONNEMENT. n. m. Action de s’abandonner, de se laisser aller, de se livrer avec trop de facilité. Il avait pour elle une tendresse qui allait jusqu’à l’abandonnement de toute volonté. Les fautes de ce prince résultèrent de son entier abandonnement à d’indignes favoris. Il vieillit. Employé absolument, il signifie Dérèglement dans la conduite, dans les moeurs. Vivre dans l’abandonnement, dans le dernier abandonnement. Il signifie, en termes de Droit, surtout dans le style du notariat, Attribution, à chacune des parties qui sont dans l’indivision, de certains biens ou de certaines valeurs pour les remplir de leurs droits dans le partage ou dans la liquidation. Contrat d’abandonnement, se dit quelquefois dans le sens d’Abandon de biens ou de Cession de biens. Abandonnement, m. acut. Delaissement, Desertio, Defectio, Destitutio, C’est abandon, Ainsi dit on Abandonnement de biens, pour la cession de biens que fait un debiteur à ses creanciers, qu’on pourroit aussi dire deguerpissement de biens, Bonorum abdicatio, Cessio bonorum. Abandonnement de raison, Defectio a recta ratione. ABANDONNEMENT, (ou ABANDONEMENT) s. m. Délaissement entier. ? [2e. lon. le reste bref, 4e. e muet; en a le son d’an: abandoneman.] Ce mot a le sens tantôt actif, tantôt passif. « Il a fait un abandonement général de tous ses biens; c. à. d. il a abandoné, etc. « Il est à plaindre dans l’abandonement où il est de tous ses parens, et de tous ses amis; c. à. d. étant abandoné de, etc. ? Mais sans régime, il correspond au réciproque s’abandoner: il signifie dérèglement excessif dans la conduite, dans les moeurs; prostitution. « Vivre dans l’abandonement, dans le dernier abandonement; c. à. d. s’abandoner aux vices honteux, à la crapule, etc. Voyez ABANDON. ABANDONEMENT n’est pas du beau style: l’Acad. le met sans remarque. Elle dit au mot dévouement: « Abandonement entier aux volontés d’un aûtre.