abandonnement

ABANDONNEMENT (a-ban-do-ne-man) s. m.1° Remise à…. L’abandonnement des plus chers intérêts entre les mains d’un ami. On prendra soin d’entretenir les malades dans un saint abandonnement à la Providence [BOSSUET, Règle.] Son abandonnement à la Providence de Dieu [FLÉCH., Serm. I, 121] 2° Cession. L’abandonnement de ses biens à ses créanciers. On dit plutôt aujourd’hui abandon. Abandonnement que je lui ferai de tout ce que j’ai de biens [PELLISS., II, 115] 3° Action d’abandonner ; état d’une personne abandonnée. Dans l’abandonnement où il est de tous ses amis. Ne tenir nul compte du triste abandonnement où votre inflexible roideur le précipite [BOURD., Pensées, t. II, p. 129] L’entier abandonnement de sa personne entre les mains de ses supérieurs pour sa laisser conduire selon leur gré et selon leurs vues [ID., ib. p. 367] On me fait les offres les plus engageantes ; et, si je les rejette, me voilà dans le dernier abandonnement et dans la dernière misère [ID., ib. t. I, p. 19] Vous devriez vous attendre, de la part du ciel, à un funeste abandonnement [ID., ib. t. II, p. 461] L’abandonnement le plus général qui me réduirait dans la dernière misère [ID., ib. t. I, p. 291] L’abandonnement où sont tous ceux qui manquent de fortune [LA MOTHE LE VAYER, p. 315] Dans l’abandonnement où je me suis trouvée [MOL., Scapin, III, 9] Cet abandonnement de sa propre cause [BOURD., Carême, III, Passion, 181] Il tombe dans un affreux abandonnement de la part de Dieu [ID., Pensées, t. III, p. 361] L’abandonnement des pauvres [FLÉCH., Serm. I, 112] Dans l’abandonnement et la disette [ID., I, 183] La reine l’avait aimée [la duchesse de Marlborough] avec une tendresse qui allait jusqu’à la soumission et à l’abandonnement de toute volonté [VOLT., S. de L. XIV, chap. 22] 4° Action de se laisser aller avec trop de facilité. L’entier abandonnement de ce prince a d’indignes favoris. Votre abandonnement à une passion funeste. Votre abandonnement à d’infâmes passions qui corrompent le sang [VOLT., Jenni, 9] 5° Pris absolument. Déréglement excessif dans la conduite, dans les m?urs. Vivre dans le dernier abandonnement. Le funeste abandonnement où il vit [BOURD., Domin. IV, Désir et dégoût, 380] Tant d’emportements honteux ! tant de faiblesse et d’abandonnement ! lui qui s’était piqué de raison, d’élévation, de fierté devant les hommes [MASS., Mort du pécheur.] Quand il s’agit de retourner à votre Dieu et de réparer une vie entière de corruption et d’abandonnement [ID., Car. Pécheresse.] Ce degré d’abandonnement qui fait les âmes égarées et criminelles [ID., ib. Tiédeur.] Un abandonnement qui ne connaît plus ni règle, ni pudeur, ni bienséance [ID., Paraph. Psaume 13] Votre c?ur que vous avez prostitué avec tant d’abandonnement aux créatures [ID., ib. Psaume 14] SYNONYME1° ABANDON, ABANDONNEMENT. L’idée commune est qu’on laisse une personne ou une chose, qu’une personne ou une chose demeure laissée. Abandon est plus souvent passif et exprime l’état d’une chose ou d’une personne délaissée ; abandonnement est plus souvent actif et exprime qu’on délaisse une personne ou une chose. Mais, dans le fait, ces deux mots se prennent souvent l’un pour l’autre, et tous deux ont le sens passif ou le sens actif. Cela est laissé à l’écrivain ; pourtant on remarque que abandon, ne provenant pas d’un verbe, indique quelque chose d’absolu et de vague, et abandonnement, provenant d’un verbe, quelque chose de relatif et de plus déterminé. Au fond la nuance est que abandonnement a de soi l’idée d’un fait, d’un acte, et que abandon ne l’a pas ; les deux mots peuvent, il est vrai, s’employer l’un pour l’autre, l’usage le permet. Mais la pensée quand elle sera précise, et le langage quand il sera délicat, tâcheront de tenir compte de la nuance. 2° ABANDONNEMENT, ABDICATION, RENONCIATION, DÉMISSION, DÉSISTEMENT. On fait un abandonnement de ses biens, une abdication de sa dignité et de son pouvoir, une renonciation à ses droits et à ses prétentions, une démission de ses charges, emplois et bénéfices, et l’on donne un désistement de ses poursuites. Il ne faut abandonner que ce qu’on ne saurait retenir, abdiquer que lorsqu’on n’est plus en état de gouverner, renoncer que pour avoir quelque chose de meilleur, se démettre que quand il n’est plus permis de remplir ses devoirs avec honneur, et se désister que lorsque les poursuites sont injustes ou inutiles ou plus fatigantes qu’avantageuses, GIRARD. HISTORIQUEXIIIe s. Ses escus ert [était] moult renommés ; Despit de mort estoit nommés ; Bordés fu d’abandonnement à tous perils… [, la Rose, 15743] XVe s. Au mois de janvier fut publié parmi Paris l’abandonnement de toutes gens d’armes qui seroient trouvés sur les champs [JUVÉNAL DES URSINS, 1415] ÉTYMOLOGIEAbandonner ; ital. abbandonamento. SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREABANDONNEMENT. Ajoutez : 6° En termes de partage de biens, attribution à une personne d’une ou plusieurs parties possédées indivisément. Émile Littré’s Dictionnaire de la langue française © 1872-1877abandonnement ABANDONNEMENT. n. m. Action de s’abandonner, de se laisser aller, de se livrer avec trop de facilité. Il avait pour elle une tendresse qui allait jusqu’à l’abandonnement de toute volonté. Les fautes de ce prince résultèrent de son entier abandonnement à d’indignes favoris. Il vieillit. Employé absolument, il signifie Dérèglement dans la conduite, dans les moeurs. Vivre dans l’abandonnement, dans le dernier abandonnement. Il signifie, en termes de Droit, surtout dans le style du notariat, Attribution, à chacune des parties qui sont dans l’indivision, de certains biens ou de certaines valeurs pour les remplir de leurs droits dans le partage ou dans la liquidation. Contrat d’abandonnement, se dit quelquefois dans le sens d’Abandon de biens ou de Cession de biens. Abandonnement, m. acut. Delaissement, Desertio, Defectio, Destitutio, C’est abandon, Ainsi dit on Abandonnement de biens, pour la cession de biens que fait un debiteur à ses creanciers, qu’on pourroit aussi dire deguerpissement de biens, Bonorum abdicatio, Cessio bonorum. Abandonnement de raison, Defectio a recta ratione. ABANDONNEMENT, (ou ABANDONEMENT) s. m. Délaissement entier. ? [2e. lon. le reste bref, 4e. e muet; en a le son d’an: abandoneman.]    Ce mot a le sens tantôt actif, tantôt passif. « Il a fait un abandonement général de tous ses biens; c. à. d. il a abandoné, etc. « Il est à plaindre dans l’abandonement où il est de tous ses parens, et de tous ses amis; c. à. d. étant abandoné de, etc. ? Mais sans régime, il correspond au réciproque s’abandoner: il signifie dérèglement excessif dans la conduite, dans les moeurs; prostitution. « Vivre dans l’abandonement, dans le dernier abandonement; c. à. d. s’abandoner aux vices honteux, à la crapule, etc. Voyez ABANDON.    ABANDONEMENT n’est pas du beau style: l’Acad. le met sans remarque. Elle dit au mot dévouement: « Abandonement entier aux volontés d’un aûtre.

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